Maintenant que les « médias sociaux » sont entrés dans les moeurs et qu’ils forcent les portes de l’entreprise, tout le monde, ou presque, s’accorde à penser qu’il est temps de mettre en place des moyens au service des utilisateurs des différentes plateformes collaboratives et autres espaces sociaux.
On a pensé un moment que la vitesse d’adoption des médias sociaux ajoutée à l’aisance avec laquelle certaines catégories de personnes les « apprivoisent » suffirait pour que tout le monde s’y mette rapidement et facilement.
A l’occasion des différentes discussions auxquelles je participe avec les entreprises, je constate très souvent que les médias ainsi que les réseaux sociaux représentent un monde encore inconnu, dont on a, certes, entendu parler, qu’on côtoie ou auquel on participe parfois, mais sans réel sentiment de compréhension, ni de maîtrise du sujet.
Ce sentiment d’inconfort est souvent également renforcé par des « formations » ou des séances de sensibilisation délivrées par des « early adopters » des médias sociaux et dont le contenu était généralement et uniquement centré sur l’utilisation des applications (Facebook, Twitter, Linkedin, RSE) et le savoir « liker » (certains ont également appris à « pinger » ou son équivalent « envoyer un poke »).
Le problème avec ces « formations » rapides, pas chères, tient notamment à ce qu’elles
- s’appuient uniquement sur la plateforme,
- s’affranchissent souvent de toute pédagogie,
- ignorent le contexte,
et sont donc pas ou peu professionnelles.
Dans ce contexte, comment les entreprises peuvent-elles mettre en oeuvre des stratégies réellement efficaces ?
Doivent-elles compter sur l’arrivée des générations futures ou bien sur une appétence ou encore une dextérité soudaine ?
L’engagement ne s’épanouit que dans la confiance, confiance dans la stratégie, les hommes, les outils, les attitudes, mais également confiance en soi et dans sa capacité à utiliser à bon escient ces outils.
Comment demander à des employés de contribuer à des discussions, d’apporter de la valeur à des échanges, sans avoir pris le temps de leur expliquer les tenants et les aboutissants de la stratégie ainsi que « le fonctionnement » attendu dans les communautés tant en terme de savoir être que de gouvernance d’un point de vue plus général ?

Selon John P. Kotter « Leading Change » page 106
Le social business peut conduire les employés à emprunter des chemins hors de leur « zone de confort » et il est important pour eux, donc pour la réussite de ces projets, de les accompagner le long de la route !
Laisser tout à chacun « déambuler » dans les espaces collaboratifs et sociaux peut être pour le moins contre productif !
L’apprentissage du social business se fait également par un accompagnement professionnel sur la durée et qui ne tient pas qu’à une maîtrise des fonctionnalités offerte par la plateforme mais bien plus à un « nouvel état d’esprit » et à une volonté de changement dans les habitudes de chacun.
Michel Serres précisait à l’occasion d’une interview publiée dans Libération après la parution de » petite poucette » :
La seule façon d’aborder les conséquences de tous ces changements, c’est de suspendre son jugement. Les idéalistes voient un progrès, les grognons, une catastrophe. Pour moi, ce n’est ni bien ni mal, ni un progrès ni une catastrophe, c’est la réalité et il faut faire avec. Mais nous, adultes, sommes responsables de l’être nouveau dont je parle, et si je devais le faire, le portrait que je tracerais des adultes ne serait pas flatteur. Petite Poucette, il faut lui accorder beaucoup de bienveillance, car elle entre dans l’ère de l’individu, seul au monde. Pour moi, la solitude est la photographie du monde moderne, pourtant surpeuplé.
Non seulement, de la bienveillance mais également de l’attention, de la reconnaissance et de l’accompagnement afin que les stratégies « social business » portent leurs fruits !
Pour en parler !
Article bien intéresssant, merci!
Un autre problème est que les utilisateurs précoces sont généralement des passionnés, et donc, qu’ils n’ont ni recul ni réflexion critique sur les médias sociaux. Or pour maîtriser un outil il faut en connaître non seulement les forces, mais aussi les limites.
Sinon, on va s’éparpiller et gaspiller une précieuse énergie en activités inutiles. Agir comme une « poule pas de tête », comme on dit au Québec (l’image est frappante, non?).
Quand on voit que beaucoup ne maîtrisent pas encore l’utilisation du courrier électronique, c’est clair qu’un accompagnement professionnel et réfléchi est crucial.
Merci de votre commentaire.
Je ne connaissais pas l’expression « poule pas de tête » mais je trouve qu’elle illustre bien la situation dans laquelle beaucoup se retrouvent malgré eux.
Merci
Cordialement
Claude
Bonjour,
Tout à fait en accord avec cet éclairage de la réalité: même si nous sommes plus de 30 millions sur les réseaux sociaux en France, très peu comprennent les enjeux et les dangers du social business avec la maîtrise de leur identité numérique professionnelle.
Concernant les plus jeunes, les plus geek, les plus « early adopters », ils n’ont, en très grande majorité, pas une vision holistique du business et la compréhension humaine de la diversité des profils en entreprise.
Professionnel de la formation, je partage votre sentiment sur l’absence de structure et d’outils pédagogiques des quelques formations réseaux sociaux centrées « plateforme » plutôt « qu’usages métiers ».
Bien à vous
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100% en phase avec votre constat. De façon plus générale quels que soient les usages mais surtout ceux des NTIC, le réflexe des entreprises est de se focaliser sur le quoi et comment en oubliant le pourquoi. De ce fait chacun s’invente un pourquoi et cela crée ce sentiment de chaos ou d’échec, même si certains trouvent un sens utile à leurs usages. Malheureusement cela crée beaucoup de perte d’énergies et parfois cela va dans le sens opposé souhaité. Ces outils nécessitent une réflexion, une discussion pour définir une stratégie d’usage et des règles communes contextuelles aux besoins. Si chacun définit ses règles, on peut arriver à un système comme au football ou ce qui compte pour les attaquants c’est de marquer le plus possible et les défenseurs d’encaisser le moins de buts. Dès lors un match perdu 4-5 peut être considéré comme meilleur que gagné 1-0 du point de vue des attaquants et à l’inverse un match perdu 0-1 est meilleur qu’un match gagné 5-4 du point de vue des défenseurs. Ce qui compte ici c’est d’avoir une stratégie commune (faire gagner l’équipe) en réconciliant les intérêts de chacun. Pas simple mais passionnant et de tout évidence impossible à faire sans s’investir dans la compréhension du contexte.
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