Digital fiction (n° 2) : Répit (un peu) pour la DSI


Depuis plusieurs années, la DSI est sur tous les fronts de l’amélioration de la qualité et de l’efficacité de l’offre technique !
Rien d’étonnant pour une direction qui pendant des décennies a été l’une des plus gourmandes en budgets pour – il est vrai – des chantiers importants et structurants de l’entreprise.
Mais si on lui doit une grande partie de l’amélioration de la productivité des collaborateurs, nombreux sont également ceux qui se souviennent de son attitude « hautaine » et d’un sens du service aux « abonnés absents » !

Depuis l’arrivée du web 2.0 et des solutions « miracles » qu’il a contribué à générer, la tendance s’est rapidement et dramatiquement inversée pour la popularité de la DSI.
Attaquée de toute part – interne et externe – et trahie par ses meilleurs alliés (les éditeurs), la DSI a appris à faire le dos rond pour se consacrer à l’essentiel, selon ses « donneurs d’ordres », à savoir gérer les applications courantes.

En effet, de référence suprême en ce qui concerne le support technique aux opérations actuelles mais aussi futures, la DSI s’est vite retrouvée dans la position du bouc émissaire à l’origine des « plantages » qui coûtent très cher, des retards technologiques qui pénalisent, voire des résultats commerciaux qui stagnent face à une concurrence plus agile et plus habile d’un point de vue technique.

solitaire_gameIl est vrai que certaines équipes ont déjà vécu plusieurs phases du cycle de transformation des services techniques et que de la centralisation absolue (mainframes) à la valorisation des réseaux de postes individuels, du support local des éditeurs à leur « trahison » par leur offre « cloud », il leur est parfois difficile de garder leur calme !

Aujourd’hui et après une phase de discrétion face à une pression très lourde exercée notamment par le marketing d’analyse (big data), les initiatives de collaboration (métiers) et les besoins en mobilité (relations clients), la DSI s’est installée provisoirement dans une zone de répit, à gérer les projets lancés, qui par les métiers, qui par certains architectes audacieux, et à se préserver en prévisions des prochaines tempêtes qui ne vont pas manquer d’arriver.

La DSI – toujours représentée dans la C suite – peu dorénavant prendre le temps de réfléchir à sa propre évolution tant il est maintenant acquis qu’elle est là pour durer et qu’il lui faut re préciser son ou ses rôles au côté des missions « régaliennes » de gestion, pilotage et gouvernance du système d’information et ce n’est pas rien.
L’arrivée – souvent très médiatisée – du CDO est une opportunité pour la DSI car elle diminue la pression exercée sur ses services en lui permettant une attitude conciliante et ouverte en attente des propositions qui seront faites en support à la transformation digitale de l’organisation.
Elle continue à améliorer ses méthodes, optimiser la production informatique et à développer son offre d’expertise pour se recentrer sur un rôle d’expert en savoir-faire technique et de support à la mise en oeuvre des initiatives quand elles seront décidées tout en restant à l’écart des responsabilités (sauf opérationnelles)  quant aux choix et décisions prises !

Il reste le problème des budgets qui lui ont – la plupart du temps – échappé pour ce qui est des projets et des initiatives structurantes, mais en fin de compte, sa pertinence technique et sa maîtrise du « legacy » et de tout ce que l’entreprise (via sa DSI) a mis en oeuvre ces dernières années ou décennies lui offrent un strapontin ou mieux un poste d‘observateur « bienveillant » de ce que les autres (CEO, CDO, CMO et COO) pourront tenter pour mieux faire.

In fine, contre toute attente, ce répit est le bienvenu car il permet de relâcher un peu de pression en la renvoyant à des métiers toujours impatients, mais aux besoins peu (ou mal) structurés d’un point de vue fonctionnel et à des fournisseurs qui promettent « la lune » dans le nuage, mais dont souvent les offres au quotidien sont tout aussi sensibles aux pannes, dysfonctionnements, dénis de service que pour les applications « on premise ».

La transformation digitale – on le sait bien – n’est pas, avant tout, une question technique, mais si la dimension stratégique est clef pour que cette transformation se fasse dans des conditions optimales au regard des attentes en termes de résultats, il est acquis qu’elle se fera avec des outils dont les responsabilités du choix, de la mise en oeuvre et de la maintenance sera un peu ou totalement, selon les cas, déléguées à la DSI.

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L’évolution digitale impose une nouvelle approche du temps


Nos rythmes sont déterminés par nos besoins physiologiques et sociaux.
Time-1024x861Au niveau travail, depuis plusieurs siècles nous avons consacré la scission privé-professionnel en attachant à chacune de ces sphères son espace temps.

Chacun s’est attaché à maximiser le temps disponible pour les activités privées au détriment de celui consacré aux activités professionnelles et c’est ainsi qu’après de long combats, nous en sommes arrivés à la situation actuelle, à savoir la reconnaissance par l’entreprise et au-delà par l’économie de la sphère privée en tant qu’espace temporel.

Depuis quelques mois, le débat s’intensifie notamment en ce qui concerne les employés et les limites ou les frontières entre les deux.

Pourtant, la question du temps et de sa gestion est bien au coeur de ces débats et elle les dépasse largement.
Dans notre vie « privée » quotidienne et selon nos rôles (parents, consommateurs, partenaires, etc.), la perception et l’utilisation du temps n’est plus la même.

Le numérique a cassé la linéarité du temps en supprimant l’instant pour mieux consacrer la persistence !

En effet, au delà de tout ce qui se réalise à votre insu (objets connectés), le monde numérique ajoute le temps personnel qui diffère du temps réel.
Le différé est devenu la norme en matière de diffusion de contenus et la consommation des programmes télévisés en est le meilleur exemple.
A l’instar des contenus écrits, la contenu numérique se consomme à discrétion et au moment souhaité !
Il est TOUJOURS disponible !
TEMPS_SPIRALEMais cette nouvelle donne ne se limite pas qu’à la consommation de contenus numériques, elle impose également une nouvelle disponibilité temporelle (24/7) de l’accès aux offres de produits et de services.
La mobilité (applications et outils) permet aux fournisseurs de s’affranchir de cette contrainte temporelle qu’impose l’organisation du travail (horaires) dans les bureaux et/ou les boutiques.

L’entreprise a aujourd’hui l’opportunité de commencer à réfléchir sur son approche du temps et les moyens qu’elle pourrait mettre à disposition des employés.

Ce chantier n’est pas facile et il est probable qu’il se déroule sur plusieurs années, mais il est structurant pour l’entre prise de demain et source de nouvelles opportunités de croissance car il suscite l’engagement.

Aujourd’hui, le pragmatisme doit être au coeur de l’approche de l’entreprise et il serait contre productif de réfléchir à cette évolution du seul point de vue de la relation client et d’oublier les employés. Nombreux sont ceux qui travaillent en dehors des cadres traditionnels (bureaux, ateliers, etc.) et utilise le temps de l’itinérance pour continuer une tâche ou plus simplement qui souhaite pourvoir organiser leur temps de travail plus librement tout en respectant leur cahier des charges et les attentes liées à leur poste.

Il est toujours plus facile de penser que la technologie et les outils vont facilement permettre de passer le cap !
Pour ma part, je pense qu’il n’en est rien et que faute d’une stratégie et d’un excellent niveau de dialogue interne et externe, les entreprises risquent de passer à côté d’une évolution majeure pour elle, car essentielle et vécue par employés et clients au quotidien dans leur sphère privée.

Les risques existent et notamment celui d’aller trop vite, c’est pourquoi il est temps de « recruter » les profils les plus matures pour commencer à dessiner les contours des stratégies les plus pertinentes.

Et de ce point de vue, nous avons encore un peu de temps !

[organisation] Les indéniables exigences de l’approche « wirearchique »


Récemment, je publiais un billet, une tentative de mise en perspective l’approche « wirearchique » et ses bénéfices au service de l’organisation de l’entreprise.

interactionComme toujours et comme l’affirme le dicton « on n’a rien sans rien! » et du côté de l’évolution de l’approche organisationnelle il en est de même !

Au coeur du bon fonctionnement de cette extraordinaire source d’opportunité qu’est le réseau, il y a le principe de réciprocité.
Ce n’est pas une notion nouvelle et pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, je conseille l’excellent travail de Dominique Temple qui définit ainsi le principe de réciprocité :

La réciprocité est la relation entre êtres humains qui permet à chacun de subir l’action dont il est simultanément l’agent de sorte que la conscience de l’un redouble la conscience de l’autre, et que l’une et l’autre se relativisent pour engendrer une conscience commune.

Quand il s’agit d’organisation des hommes et par delà eux des moyens et des ressources, l’approche hybride permet de s’affranchir de la structure hiérarchique pour créer plus d’opportunités et gagner ainsi en efficience.
Mais il est parfois difficile – pour certains – d’accepter la prédominance du principe de réciprocité dans cette approche, car elle induit des craintes liées à une probable perte de pouvoir.

En effet, dans les réseaux, il faut accepter d’emblée de recevoir le même traitement que celui réservé à tous les membres participant à l’échange.
Au delà d’une certaine humilité, c’est une autre posture qu’il faut adopter !

Le principe de réciprocité nous contraint – faut de quoi le réseau est beaucoup moins efficace – à accepter :

  • l’évaluation par nos pairs (membres du même réseau)
  • la contradiction publique (au sein des communautés du réseau)
  • le partage de nos expériences
  • la collaboration autour des meilleures idées
  • l’écoute et la patience vis à vis des membres du réseau
  • la valorisation des contributions des autres
  • la co-contruction de nouvelles pistes
  • le partage du leadership et de la récompense quand elle arrive

En fait. l’approche « wirearchique » permet de dessiner les grands traits de l’homo numericus, reste  qu’aujourd’hui le cadre de cette approche est encore flou et que malgré la perception de l’indéniable valeur qu’il représente, beaucoup restent accrochés à la vision hiérarchique si rassurante en termes de pouvoir pour ceux qui en ont.

L’entreprise aurait beau jeu de mettre en place un cadre suffisamment formel et évolutif pour espérer pouvoir exploiter la richesse – en termes d’opportunités – que représentent les réseaux (les flux) et en même temps apaiser les inquiétudes légitimes d’un management qui ne s’y retrouve pas faute d’en percevoir la valeur pour lui.

Trouver l’équilibre entre le formalisme parfois nécessaire pour une organisation efficace et la qualité de relation et de vie au travail pour tous les collaborateurs est possible aujourd’hui en valorisant le réseau, reste encore pour l’entreprise à trouver son chemin pour y parvenir !

Selon vous ?

[organisation]Les indéniables atouts de l’approche « wirearchique »


Quand Jon Husband a commencé à parler « wirearchy » :

a dynamic two-way flow of  power and authority, based on knowledge, trust, credibility and a focus on results, enabled by interconnected people and technology.

Il n’était probablement pas question d’imaginer un nouveau modèle d’organisation, mais bien plus de constater que la vitalité des réseaux et des technologies, qui les supportent, constitue des opportunités d’évolution des structures organisationnelles classiques.

wirearchy

L’approche « wirearchique » est une formidable occasion pour l’entreprise de dessiner un avenir plus pérenne en facilitant la performance économique et sociale.

C’est une approche – pas un modèle selon moi – dont l’indéniable atout est qu’elle est OPPORTUNISTE donc agile, pragmatique, focalisée sur des objectifs et centrée autour des talents !

Pour l’entreprise, cette approche qui vient, d’une manière hybride, se conjuguer avec l’organisation traditionnelle, représente des atouts certains :

  • Elle permet de rassembler les talents et les compétences utiles et nécessaires selon le projet, l’objet, le sujet ou le lieu dans un seul souci d’efficacité !
  • Elle est ainsi source d’économie de temps, mais elle permet aussi d’avancer plus vite avec les « meilleures options » issues des échanges plus ou moins formels mais toujours contextualisés entre les collaborateurs.

Des résultats plus rapides, plus pertinents car issus d’une pratique collaborative plus consensuelle, et des collaborateurs réellement plus engagés sont issus de ce type d’approche si fréquente dans les petites entreprises et dans les startups dont l’essentiel de l’énergie est consacrée à « survivre, croître et performer » plutôt que de s’organiser en se regardant le nombril !

Les talents sont au coeur de la « wirearchie » car les réseaux en sont les révélateurs et tout le monde gagne à cette reconnaissance tant d’un point de vue efficacité que gestion des ressources humaines.

L’engagement est y donc largement valorisé par un leadership qui par l’approche « wirearchique » organise un espace dans lequel sont pris en compte trois besoins fondamentaux des collaborateurs :

  • un traitement égal et juste qui « autorise » les collaborateurs à prendre des initiatives.
    Dans le réseau, l’évaluation se fait entre pairs et dans un contexte, la subjectivité et le copinage y ont peu d’importance. L’approche « wirearchique » est exigeante car opportuniste mais elle est également plus « honnête » et transparente pour tout  le monde.
  • une offre d’apprentissage et de formation (plus ou moins formelle) afin que chacun puisse mener à bien les initiatives qu’il a prises.
    Le réseau permet à chacun de continuer à progresser en suivant, lisant, argumentant ou en posant des questions. La principale caractéristique du réseau est la bienveillance entre les participants ce qui permet un partage, voire une transmission, des savoirs et des compétences plus facile et fluide.
  • une autonomie et le libre arbitre afin que chacun puisse réaliser ses initiatives.
    Dans le réseau, vous êtes autonome avec les autres.
    Le réseau est efficace du fait de la singularité de ces membres et il n’est donc pas question de limiter leur autonomie. La richesse des échanges est au coeur de la pertinence et du succès des espaces partagés et il est indéniable que la diversité des profils et des expériences y est pour beaucoup !

Selon vous ?

Numérique, Robotique, Informatique, c’est Magique !


En fait, non !

Et c’est bien une partie du problème des entreprises.

La pensée « positive » et le besoin de rassurer pour mieux contrôler les employés ont conduit par le passé de nombreux dirigeants et managers à promettre un lendemain technologique facile, efficace et convivial.

Aujourd’hui, ces discours ont encore cours dans bon nombre d’organisations où la production informatique jongle comme elle peut avec un héritage hybride d’applications et de systèmes d’exploitation.

fix_20100825_cafeFaute d’avoir eu les moyens d’anticiper de tels bouleversements dans les usages, les équipes informatiques ont continué, avec l’appui bienveillant des managers métiers, à laisser croire que leurs efforts associés aux nouvelles applications ou fonctionnalités contribuaient à créer un « monde meilleur » du côté du bureau !
Et il est toujours fréquent d’entendre à l’occasion de réunions d’équipes, le manager annoncer « le nouveau CRM » ou la nouvelle application qui va (enfin) apporter la SOLUTION à tous les problèmes.

Mais, personne n’est dupe et depuis le temps qu’on promet de « raser gratis » demain, les employés ont pris l’habitude de la politesse et retournent sans grand espoir d’amélioration à leur quotidien.

La réalité est toujours plus compliquée et les projets moins faciles à mettre en oeuvre qu’initialement espéré, aussi je me demande pourquoi ne pas tenir un discours objectif sur ces sujets.
La communication interne devrait participer à ces initiatives et prendre la main (ou du moins donner son avis) sur les moyens et les messages.
Au même titre, que les décisions absurdes du management, les promesses trop rapides et mal étayées sont cause de désengagement !

La transformation de l’entreprise est soutenue par des initiatives et des solutions techniques, mais elle se fait au travers des hommes et donc du management.
La magie n’y a pas place, pas plus que les croyances, ni les superstitions !

L’entreprise est un monde dans lequel l’objectivité doit être valorisée au maximum afin que les collaborateurs aient confiance et s’investissent autant qu’ils le souhaitent à son service.

Dans ce contexte, il est assez difficile de faire la part des choses entre l’appétit d’employés toujours plus habiles à utiliser des applications souvent plus intuitives et agréables que les outils dont ils disposent au bureau et la qualité de l’offre réelle en terme d’applications et de service des entreprises.
Le fossé qui se creuse pourrait rapidement devenir très inquiétant, voire disqualifiant, pour bon nombre d’entreprises dont les dirigeants ont tant de mal à comprendre l’évolution numérique et ses conséquences directes ou indirectes, proches ou plus lointaines, pour eux et les organisations qu’ils animent ou gèrent, ou les deux.

Plus que jamais, management et communication sont étroitement liés dans une course à la bonne compréhension des enjeux commerciaux, humains, technologiques.
Ils doivent – avec pragmatisme, réalisme et humilité – travailler ensemble à la déclinaison de leur stratégie sur le terrain.
L’heure n’est plus (si elle l’a été un jour) aux grands shows, aux prédications des « gourous », aux pratiques incantatoires ou pire à la « prise de distance ».
La stratégie doit coller au terrain pour être bien comprise, acceptée et mise en oeuvre avec succès.
Les entreprises qui l’ont compris sont aujourd’hui concentrée sur leurs clients (le chiffre d’affaires, i.e. l’argent qui rentre IRL en dehors des feuilles de calcul Excel) et leurs employés dont ils savent que l’engagement est clef au service de la survie économique.

Rien de magique, que du travail, de la méthode, de l’empathie et une formidable envie, bref rien de nouveau de ce côté du business !

Le moteur de cette course à l’innovation technologique est le quotidien de chacun d’entre-nous et la carburant notre besoin « insatiable » d’information !

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Et pour tous ceux qui se passionnent pour les tendances, je vous propose de lire ce que Brian Solis anticipe pour les années à venir !
Pour les autres, c’est peut-être un bon moyen de se réveiller et de prendre le temps d’une réflexion salutaire pour espérer « survivre » ou mieux « gagner » dans un monde technologique qui va très vite, qui n’attend personne !

Sinon, c’est comme vous voulez !