Aujourd’hui, je vous propose une interview, la première d’une série que je souhaite riche et pertinente.
Avec Lionel Tissot, mon objectif est de faire un point de situation à propos de l’industrie horlogère suisse et de la mise en oeuvre de solutions supportant le concept de l’entreprise 2.0.
Lionel connaît bien cette industrie (florissante si on en juge par les résultats publiés récemment par la FH) pour laquelle il a participé à plusieurs projets récemment.
Avec Lionel, nous avons parlé principalement intranet – nouvelle génération – et espaces collaboratifs au service d’organisations dont une caractéristique est l’importance des « cols bleus » – la manufacture – parmi les employés !
En premier lieu, selon votre expérience, quelles peuvent être les principaux objectifs d’un projet intranet pour un groupe horloger ?
Il y en a, selon moi, trois principaux:
- Partager la culture et les valeurs de l’entreprise avec l’ensemble des employés,
- Diffuser dans l’entreprise les valeurs de la marque telles qu’elles sont communiquées à l’extérieur du groupe,
- Améliorer la communication transversale entre les départements, les métiers (horloger, vendeur, …), et les sites distants du siège,
et ils ne sont pas spécifiques à cette industrie ou à ce secteur économique
Quels sont alors les principaux supporters au niveau management ?
Il y a d’abord la communication interne comme vecteur de la culture d’entreprise ,puis l’IT en tant que fournisseur de solutions innovantes de communication et de collaboration et surtout la direction générale, notamment le CEO, en tant que moteur du changement
Dans les projets et réalisations que vous connaissez l’intranet est-il pensé uniquement comme un outil de communication ou répond-t-il à des besoins métiers ?
Plus qu’un vecteur de communication interne, l’Intranet permet également de créer des espaces collaboratifs de projets, des espaces de partage d’information (Wikis) et d’organiser la gestion, le suivi et l’archivage des documents (GED). La vision du poste utilisateur consiste à considérer l’Intranet comme un véritable portail individuel qui permet à chacun de visualiser sur une page :
- les informations relatives à l’entreprise et au site local
- l’accès aux projets pertinents pour le collaborateur (notion de profil)
- les derniers tableaux de bords périodiques
- la liste des tâches en cours et des messages reçus (via messagerie ou mur)
- les liens vers les applications relatives à la fonction exercée : le collaborateur n’accède plus à un « système » (ERP, CRM, etc …) mais à un workflow (enregistrer l’arrivée d’un nouvel employé) ou une activité (saisie de commande, confirmation de livraison, etc …) qui rendent les différents systèmes moins visibles.
Comment organiser ces initiatives pour répondre aux attentes des cols bleus et des cols blancs ?
Les employés – surtout les cols blancs – qui travaillent avec un PC ont accès à l’intranet dès le démarrage de l’outil, ce qui leur permet de prendre ainsi connaissance des dernières informations de l’entreprise en temps réel.
Les employés qui ne disposent pas de poste personnel ont accès à des terminaux localisés dans les espaces de repos (pause café). Ils peuvent choisir d’accéder à l’intranet à partir de leurs terminaux privés de type tablettes et smartphones, une opération généralement autorisée après que ces outils aient été sécurisés par l’entreprise. Il s’agit principalement de « cols bleus » qui vont consommer l’information, et parfois alimenter ce qui concerne la vie sociale dans l’entreprise : contribution à des événements sportifs ou culturels, à des anniversaires, etc …
Les « cols blancs » font vivre l’Intranet différemment en apportant plus de contenu sur les projets mais également en alimentant notamment les conversations techniques (horlogers, qualité, ressources humaines).
Au vu de votre expérience, y a t-il des écueils ou au moins des difficultés qu’il faut avoir à l’esprit ?
Une des difficultés réside dans l’adhésion de l’ensemble des collaborateurs et managers, qui ne doivent plus voir l’accès à l’intranet comme une activité supplémentaire qui ne serait pas porteuse de valeur ajoutée, et qui serait même une perte de temps.
Il s’agit de convaincre que la valeur ajoutée réside dans la collaboration, le partage d’information et le partage des valeurs d’entreprise. L’appui du CEO et de la direction générale est essentiel pour réaliser ce changement culturel.
Et au niveau des choix techniques, quelles sont les bonnes questions ?
Les points évoqués plus haut (espaces collaboratifs, Wikis, news d’entreprise, …) sont essentiels pour favoriser la collaboration sur des projets, mais aussi sur des initiatives d’entreprise (comme une approche éthique de l’activité, des oeuvres sociales, …). Toutefois, il ne faut pas négliger les « nice to have » comme l’information locale (météo, le menu du jour, les activités sportives et culturelles, etc …) qui contribuent fortement à l’adhésion des collaborateurs à l’intranet.
Techniquement, tous les employés doivent avoir accès à l’intranet, d’où la nécessité de l’ouvrir aux équipements privés et de fournir un accès dans les lieux « publics » de l’entreprise. Cette ouverture nécessite de sécuriser l’accès à l’Intranet tout en garantissant que la société n’accède pas aux informations privées du collaborateur sur son équipement mobile : l’installation d’un logiciel de pilotage de ces équipements (Mobile Device Management) est impératif.
En conclusion, Intranet 2.0, RSE, social business : où en-en l’horlogerie suisse ?Le milieu horloger a bien évolué ces dernières en s’appropriant des outils modernes de communication et de collaboration, le 2.0 notamment.
L’utilisation des RSE recueille une bonne écoute de la part des collaborateurs qui utilisent régulièrement les réseaux sociaux comme Facebook, LinkedIn, YouTube et bien d’autres.
Ils voient là un moyen d’accélérer les échanges d’informations, notamment au sein d’un département réparti sur plusieurs sites (les horlogers du Service Après Ventes par exemple), ou entre plusieurs départements (Design Produit et Recherche-Développement lors de la conception, SAV et Boutique sur le flux de réparation).
Les forces de vente et le marketing voient dans le social business un moyen supplémentaire de faire connaître la marque, de mieux comprendre les attentes des clients (potentiels) et de façon induite, d’augmenter les ventes.
Les collaborateurs moins familiers avec les réseaux sociaux et l’informatique en général sont plutôt dans l’attente de voir les effets positifs de l’intranet dans leur quotidien, avant de devenir contributeurs.
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Tout d’abord merci à Lionel pour ce retour d’expérience, vous pouvez lire ou relire des billets en relation avec les thèmes abordés dans cet échange et notamment :
Entreprise collaborative, social business : y-a-t-il une place pour les cols bleus !
Entreprise collaborative, social business : quelles « élites » demain ?
L’engagement « riche » : « Graal » du social business !
#E20: Casser les silos, ils reviennent au galop !
Le social en entreprise : un peu, beaucoup, passionnément, ….., pas du tout !
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