Digital fiction (n°7) : Ciel, mon job a été ubérisé !


Retour de vacances et me voici, moi aussi, victime de l’ubérisation !

Sans qu’on m’en informe, mon poste – bien réel sur l’organigramme et référencé par les RH – est largement concurrencé par le réseau social mis en oeuvre dans l’entreprise !

En fait, il a fallu que je m’absente quelques petites semaines pour m’apercevoir que le volume des emails se tarissait, non pas sous l’effet de la canicule, mais simplement parce que mes collègues ne s’adressaient plus autant à moi.
Travaillant à la communication interne, on est habitué à crouler sous les emails, les demandes maintes fois répétées, les conseils inutiles, les sollicitations aussi grotesques qu’impolies ainsi que les demandes stupides.

Pour ma part, je me suis réjoui de l’arrivée du courrier électronique, quel progrès : plus besoin de décrocher son téléphone, un message sur un « mail pro » ou perso suffisait à faire passer les informations utiles mais aussi à mettre la pression selon les circonstances.

uber_plombierQuand le réseau social d’entreprise, le nouvel intranet, a été lancé, notre équipe a largement contribué à son déploiement tout en nous assurant de la primauté réservée à nos communications (enfin celles des managers et de l’organisation).
En fait, les communautés cela nous faisait bien rire, c’est un peu comme si on avait imaginé un jour que Monsieur Dupont (ou autre) allait faire le chauffeur de taxi au volant de sa nouvelle ClasseB : LOL ;  les communautés, il faut s’en occuper, les faire vivre, partager du contenu et qui à part nous – à la communication interne – sait et a le temps de la faire pour les collaborateurs ? Personne !

Ainsi, nous avons occupé les espaces que nous avions prévus pour faire du « push », ce que nous savons faire le mieux, en évitant les conversations trop longues en coupant court aux tentatives des collaborateurs qui n’avaient probablement rien de mieux à faire.

Pour le reste, les communautés, chacun pouvait en créer selon son envie et charge à lui de la faire vivre et de l’animer, pour le reste, c’est une histoire d’informatique et de « provisionning » (quel mot prétentieux!).

Depuis mon retour, j’ai l’impression qu’on m’évite à voir le nombre de messages que je reçois et quand je décroche mon téléphone pour aller aux nouvelles et si j’ai la chance que quelqu’un réponde (c’est encore les vacances pour certains) le ton est « frais » et on me conseille gentillement d’utiliser Lync (statut de disponibilité) ou le réseau social d’entreprise car c’est moins perturbant qu’un téléphone en pleine séance !

Je ne sais pas encore comment je vais réagir, mais une réunion avec les RH s’impose et il faut que notre « cahier des charges » soit clair : on ne peut pas se passer de communication interne, alors comment les collaborateurs font-ils pour rester informés et pourquoi sans nous ?

workcanbedonebyarobotSi le réseau social d’entreprise suffit à procurer à l’ensemble des collaborateurs un niveau d’information correct, c’est d’abord que l’exigence de qualité et de professionnalisme n’est plus au rendez-vous et que mes collègues et moi nous ne servons plus à grand chose : on s’est fait UBERISER !

Je suis inquiet, mais je sais qu’il y a des opportunités nouvelles avec le numérique et je compte bien faire valoir mes droits « historiques » et ma place dans l’organisation pour qu’on me trouve un poste à la mesure de mes compétences : CDO, peut-être !

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