Sans être un spécialiste de la sémantique, il a toujours été des mots dont l’usage dans certaines expressions me laisse perplexe et dont je pense qu’il contribue à un message volontairement réducteur.
C’est le cas de ressource dont la définition selon le Larousse est :
Et de son usage dans l’expression :
A l’époque de l’indiscutable prédominance d’une vision « tout en chiffres » de l’entreprise et des organisations, vision servie par les « progiciels de gestion intégrée » ou autres ERP, supports de l’informatique de gestion, il n’est pas étonnant de constater que l’offre de services des collaborateurs et des employés a été réduite à un moyen au même titre que les autres mis en oeuvre par les entreprises.
Aujourd’hui, et sans nier l’intérêt et l’utilité de ces applications de gestion, l’entreprise évolue vers une « informatique de contribution » supportée par de nouvelles solutions qui viennent accompagner une nouvelle vision dans laquelle l’humain et le lien social revient « sur le devant de la scène » pour une approche différente mais toujours profitable !
Dans ce contexte, il est clair que l’humain dans sa complexité, dans sa richesse, dans sa singularité et dans sa diversité ne peut pas être considéré uniquement en tant que ressource !
Pour autant, l’usage du mot « ressource », à lui seul, contribue-t-il à réduire l’importance de l’humain et du lien social dans nos organisations et si oui, quel terme ou quelle expression serait mieux adaptée pour représenter cette richesse ?
Plus nous sommes en contact avec les économies dites « émergentes », plus nous sommes nombreux à constater que, au-delà des toutes les questions de développement technologique et financier, les populations qui les servent ont su garder des structures, des liens sociaux très forts et aujourd’hui, c’est un réel atout au service des organisations !
La logique de service (versus celle de ressource) s’impose petit à petit dans les organisations et il est essentiel de savoir mettre en oeuvre les conditions cadres nécessaires à son épanouissement.
Il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais bien de contribuer à une nouvelle réalité sociale servie par mais également au service de l’humain.
Le débat n’est ni futile, ni vain !
Si vous pensez que les expressions que nous utilisons ne sont pas le fait du hasard et qu’elles sont « l’illustration de notre vision » du monde dans lequel nous évoluons, alors il est probablement temps d’imaginer une expression plus noble et valorisante pour parler des collaborateurs qui travaillent au service des objectifs des organisations commerciales ou non !
A vos plumes !!!
Tout à fait d’accord, j’avais lu une fois l’expression de « richesse humaine » qui m’avait bien plu … Elle permet d’envisager un autre regard : l’employé n’est plus une ‘matière première’ dans l’entreprise mais un trésor. je pense que beaucoup d’entreprises tournent grâce à ces richesses qui ne sont pas assez (pas du tout ?) valorisées… Dans notre société de la connaissance et de la collaboration, il faut redonner à l’humain toute sa place, entre autre en donnant un nom juste au service qui le gère.
Merci.
L’expression richesse humaine est effectivement plus noble, plus valorisante et probbalement plus conforme à notre vision.
Je vous rejoins dans votre appréciation 😉
Personnellement si une Direction des Ressources Humaines se renomme : Direction de l’Organisation et des Relations Humaines, je trouverai ce titre plus adapté aux missions et aux enjeux.
erratum : « je trouveraiS… »
Les entreprises qui n’ont pas encore pris conscience de ce changement d’orientation auront sans doute du retard en terme d’organisation. La capacité d’innovation étant, selon de nombreux auteurs, intimement liée à la capacité d’une organisation à favoriser les échanges et le partage, les entreprises (et aussi les administrations, ne les oublions pas) qui sauront tirer profit de ces nouveaux moyens (pour le coup, on peut les baptiser ressources !) prendront de l’avance sur celles qui resteront frileuses sur ces sujets. Et comme on parle ici de culture, de comportement, de changement d’attitude, le retard ne se rattrape pas avec un surcroît de moyens financiers ou des rachats sectoriels comme cela peut se faire pour rattraper un retard technologique. D’où l’importance de se hâter (lentement) pour prendre pied dès que possible dans l’univers étrange de la collaboration.
J’ai récemment produit un mémoire de M2 pour le Celsa qui se penche sur ces différentes interactions, en partant justement de l’incongruité du terme de « ressources humaines » (les RH plus souvent avec un grand R et un petit h…). J’y propose quelques pistes d’exploration des formes de communication et de relations induites et des nouvelles formes de pouvoir qui se font jour, avec les freins que l’on peut rencontrer à l’occasion de cette rupture organisationnelle.
Au lieu de valoriser les Ressources Humaines permettre aux Humains d’exploiter au mieux leurs Ressources ?
Tout à fait d’accord avec Bertrand ! Et je ne trouve pas « by the way » que le mot « Ressources Humaines » est un gros mot…
Je préférerais avoir un Service : « Direction de LA Ressource Humaine »
Pour peu que cette Direction ait une Vision… ce qui manque plus souvent que la Ressource elle-même, me semble t-il.
Le gros mot … c’est « exploiter » les ressources d’un individu, sans contre-partie. Soit sans offrir une contre-partie quelconque, trop souvent, c’est simplement lorsqu’une partie « utilise et abuse » de sa position pour soit « voler ou dépouiller » ou contraindre un individu à « donner son accord » qui a pour objectif de l’engager dans un processus dans lequel il n’a aucun contrôle. Les sociétés qui « offre du travail temporaire » sont des spécialistes en la matière.
Oui, les connaissances et compétences d’un individu constituent de véritables richesses… Ces dernières sont tout aussi outrageusement exploitées … que les territoires conquis par les « conquistadors » !!!
A quand une société respectueuse de chaque individu … qui aura enfin accepté le fait qu’une action faite « d’échanges donnant-donnant » enrichi chaque partie ?
L’espérance est la confiance des sots … dicton plein d’humour acidulé !
A mon sens, un individu sans espoir est un individu mort-vivant !!!
Alors qu’allons-nous faire pour constituer une résistance à contre-courant !
A chacun, je souhaite du courage et transmets des Energies de Vie !
Ernest
Ayant connu le concept de la direction du personnel ou l’individu était considéré comme individu et où un certain « paternalisme » que l’on a critiqué faisait dans bien de entreprises, aisait que l’on s’assurait des conditions matérielles de vie des collaborateurs, le passage aux rressources Humaines a constitué une régression de concept avec la mise en avant du profil,. L’individu devant remplir une case et si cette case n’était pas remplie de la façon prévu on considérait que le profil n’était pas bon et l’on en cherchais un plus adapté. Souvent cela servait d’explication sur une performence non atteinte.
Peut-être que les médiats sociaux vont rétablir un sens de l’humain en cherchant à optimiser et enrichir une personnalité pour le bénéfice de tous mais la concurrence et la crise y placent bien des obstacles
Business Partners j’aime bien.
Si le titre pouvait aider les RH à se positionner dans la logique de service que tu évoques, ce serait top!
Il ne faut jamais désespéré 🙂
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Il me semble qu’il y a ici une confusion : l’expression « ressources humaines » désigne les « ressources » que possède le personnel (connaissances, compétences, etc.), pas le personnel en tant que tel. Dès lors, parler de « gérer les ressources humaines » va de soi.
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Chez nous, les EcoBusinessAngels, nous parlons de « personnes Ressource(s) » ce que nous sommes tous, peu ou prou, mais que l’on oublie… Une personne « ressource(s) est un individu qui a de LA ressource (donc de la résilience, du courage, du « coeur » comme le Cid en avait dans la pièce de Corneille) et DES ressources, autrement dit des RICHESSES plus ou moins conscientes, à PARTAGER, gratuitement ou contre rémunération selon le cas et l’interlocuteur.
Cultiver cette vision de soi et des autres comme étant des producteurs, des préconisateurs et des consommateurs de ressource(s) permet de mieux comprendre l’expression « Ressources Humaines ».
Son complémentaire, les ressources NON voire IN-Humaines sont d’ordre technique, idéologique ou … financier !
Car la source de la vie pour des êtres humains, dans l’entreprise comme ailleurs, c’est bien la mise en harmonie des divers moyens qui nous sont donnés pour construire, ensemble, le présent et l’avenir.
Les Ressources Humaines sont ce qui permet à cette harmonie de régner, par l’organisation du travail et la collaboration, en se posant, périodiquement, les questions fondamentales : à quoi ça sert ? Et à qui ? Quel est finalement le Retour sur investissement de ces ressources ? Pourl’entreprise, mais aussi pour le personnel, et pour moi ?
Il s’agit bien d’un contrat de travail et de réciprocité, accepté, et non imposé, compris par chacune des parties en présence, traduction écrite de ce qui relie celui qui fait avec celui qui fait faire, en précisant bien les responsabilités, les devoirs et les « rémunérations » de chacun…
Le capital humain n’est pas que du capital (au sens marxiste du terme) amassé, sur lequel on spécule, il est ,selon l’une de ses définitions (Petit Larousse) : « L’ensemble des ressources (intellectuelles, morales, etc.) dont on dispose à un moment donné ».
« Dont on dispose »… pour quoi, pour qui ? Telle est la vraie question. Après avoir répondu à celle qui précède : « Quelles sont, finalement, mes Ressources ? ».
Ce qui n’est pas le plus facile !
Ressources Humaines ou Ressources humaines ? Il est clair que les Hommes (avec un H majuscule pour désigner le genre humain) ne sont pas des ressources. « humaines » est plus à considérer comme étant un qualificatif de la ressource en cela qu’elle (la ressource) est portée par un.e personne. Je rejoint en cela Jonathan (mais c’est un peu normal nous avons été formatés par les mêmes mentors en RH).
Le débat sur l’utilisation du terme Ressources humaines n’est pas neuf, il continuera quelque soit le terme employé, capital humain, richesses humaines, etc… car tant qu’il existera une confusion entre le management des ressources humaines et la gestion des individus ce sera l’occasion pour certains d’exprimer leur animosité et leurs petites haines recuites quant à la fonction, qui n’est en tout état de cause qu’une incompréhension des enjeux liés à la fonction ou une mauvaise répartition des rôles de la fonction au sein des organisations.
En effet cette discussion sémantique permet de se poser la question de la vision du lien social, du poids de l’individu quand on travaille sur de la GPEC et le talent des seules élites mais c’est finalement assez dérisoire car c’est le moteur qui compte bien plus que la carrosserie.
Je suis complètement d’accord avec votre article. La langue façonne notre vision du monde, que nous le voulions ou non ! C’est pour cette raison que je m’intéresse beaucoup aux études des linguistes qui nous permettent de mieux comprendre l’environnement dans lequel nous vivons.
L’air source humaine ? ou L’ère re-sources humaines ?
Avoir de la ressource pour un moteur c’est avoir de la puissance « sous le pied »… Les ressources humaines permettent de déceler la personne quj a de LA ressource, et qui sait en faire profiter les autres !
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A reblogué ceci sur Curation exclusivement en françaiset a ajouté:
«il est clair que l’humain dans sa complexité, dans sa richesse, dans sa singularité et dans sa diversité ne peut pas être considéré uniquement en tant que ressource !»