e20 : gouvernance, tout le monde en parle, mais qui en veut vraiment ?

La gouvernance, c’est devenu le mot-clef, le sésame du fourre-tout dans lequel on se débarrasse de tous les sujets à propos desquels on n’a pas encore de réponse.

Tout au long du déroulement de la mise en oeuvre de projets sociaux et collaboratifs dans les organisations, il est courant de s’entendre dire à propos de ceci ou de celà : « c’est une question de gouvernance », ce qui, a priori, n’est pas forcément faux mais qui permet de « passer » rapidement sur le sujet et de le reléguer à … à qui ?

La difficulté avec ces termes dont l’usage est tellement galvaudé est qu’on ne sait plus très bien les notions qu’ils représentent.

Selon Wikipedia :

La gouvernance est une notion parfois controversée, car définie et entendue de manière diverse et parfois contradictoire. Cependant, malgré la multiplicité des usages du mot, il semble recouvrir des thèmes proches du « bien gouverner.

« Bien gouverner », c’est simple et compréhensible par tous, non ?
mais ce n’est peut-être pas suffisant.

A l’heure du déploiement des plateformes collaboratives et sociales en entreprises, la gouvernance va de soi, …., mais souvent pour les autres !

En effet, le bien gouverner a été traduit par beaucoup par « mettre en oeuvre des règles », ce qui est effectivement un moyen mais à dose « homéopathique ».
Le risque avec des règles trop précises, trop détaillées, trop contraignantes, est qu’elles ne servent pas la gouvernance et qu’elle soient contre productive.
Quand il s’agit de définir des règles pour les autres, le réflexe est souvent d’imaginer un cadre (une assurance) avec lequel on est presque certain qu’aucun dérapage n’est possible.
On se complaît dans les cas marginaux, improbables, pour mettre en place un système qui ne laisse aucune (ou si peu) de place au libre arbitre et cela ne correspond pas à ma compréhension du « bien gouverner » !

Cette vision de la gouvernance n’est pas mieux adaptée pour la valorisation et le partage des savoirs et elle ne permet pas une évaluation objective de la valeur des contenus ou des informations échangées.

La gouvernance est au delà du bien gouverner, un ensemble de règles et d’attitudes favorables au développement de l’organisation et des hommes qui y travaillent.

GouvernanceLa gouvernance doit permettre de

  • libérer des énergies
  • partager des savoirs.
  • travailler ensemble
  • s’exprimer publiquement

en toute confiance.

Bien gouverner, c’est mener à bien une entreprise, une organisation, au vu d’objectifs économiques, financiers mais également humains.
Et de ce point de vue, il est plus efficace, performant, de dessiner des cadres simples, clairs et intelligibles et où chacun trouve rapidement et j’allais dire, naturellement, sa place et son rôle.

Cette manière d’aborder la question de la gouvernance tient à la considérer d’abord comme un atout, un support à une stratégie de croissance économique.
La gouvernance, c’est aussi un travail de délégation de responsabilité, une valorisation des « ressources humaines », une ré interprétation des « relations humaines » dans et autour de l’organisation.

Et tout le monde est demandeur,
reste à organiser ce chantier en délimitant les premiers périmètres, les premiers objectifs, les premiers « milestones »
et à communiquer avec les intéressés.

Pour bien gouverner, il nous faut bien penser, bien agir, bien respecter, bien écouter,…., bref bien anticiper les effets des (r)évolutions auxquelles nous participons au quotidien.

Et selon vous ?

« La gouvernance devrait être un aiguillon de haute performance, un souffle d’énergie ; elle doit contribuer à la création de valeur durable pour l’organisation. »

Yvan Allaire et Mihaela Firsirotu, Modifier la nature de la gouverne pour créer de la valeur, C.D. Howe Institute. Commentaire, No. 189, 2003, Novembre

7 réflexions sur “e20 : gouvernance, tout le monde en parle, mais qui en veut vraiment ?

  1. Merci pour ce billet Claude.

    2 points sur la notion de gouvernance :

    1. Qu’elle doit être « testée » par ceux qui devront l’appliquer (une règle ne vaut que si elle peut être appliquée et à un sens)

    2. Qu’elle ne ne doit pas être fixe, c’est à dire qu’elle doit évoluer avec la maturité des usages et des pratiques

    Bon été !

    • Merci Olivier de ce commentaire auquel je souscris totalement.
      Il y a un autre point que j’ai volontairement éludé dans ce billet qui est des compétences (et peut être de la légitimité) requises pour proposer des règles et les faire appliquer.
      Je crains que les entreprises n’aient pas sous la main les bons profils pour le faire et quand on parle d’évolution des règles, il y a devant nous un gouffre dû à une mauvaise anticipation et son corollaire une absence de préparation alors que l’on sait par expérience qu’un projet social et collaboratif c’est 35% de technique et 75% d’accompagnement (incluant la gouvernance).
      Bon été à toi et encore merci.

  2. Billet très intéressant, merci.
    La gouvernance n’a pas en effet le même sens selon les organisations mais comme bien cité, « elle doit contribuer à la création de valeur durable pour l’organisation ».

    C’est pour cela que véhiculer les bonnes pratiques en termes de gouvernance est essentielle pour le succès des entreprises, pas seulement auprès des administrateurs mais à toutes les parties prenantes d’une organisation.

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  4. Billet très intéressant, la gouvernance reste un art difficile, avec le risque de reproduire les silos et les cloisons que les mises en places d’initiatives sociales tendent à faire tomber.

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