[Formation] Qu’est ce qui dérange tant dans le numérique ?


Depuis plusieurs années, je reçois des demandes plus ou moins précises à propos de la « réalité »du monde numérique, de sa consistence, des enjeux et des risques d’une présence active ainsi que des considérations au service d’une stratégie pertinente.

Jusqu’alors, je profitais d’une séance pour en parler librement ou je renvoyais vers des blogs (le mien et d’autres cités régulièrement ici) ou vers des offres de formation aux outils issus du web 2.0 !

Les retours que certains d’entre-vous ont partagé avec nous montrent bien à quel point la plupart de ces formations est le plus souvent source de frustration car, outre elle fait qu’elles ne sont souvent que des opportunités de revenus pour des « experts » auto proclamés, elles n’expliquent et ne contextualisent jamais ni les outils, ni les usages, ni les pratiques dans l’univers numérique.

Comment mettre en place des stratégies qui font sens dans un monde que vous ne connaissez pas ou si peu ?

Avec Constance Rivier, nous vous proposons de mieux découvrir le monde numérique à l’occasion d’un Atelier – Master Class le 22 avril à Morges.

Nous souhaitons qu’à l’issue de cette journée, vous soyez plus à l’aise pour évoluer dans ce monde que nous créons tous et qui est source de tant d’opportunités mais également porteurs de nombreux risques.

Forts d’une meilleure compréhension du monde numérique, vous saurez trouvé, par vous-mêmes ou à l’occasion de formations spécifiques, la dextérité nécessaire pour utiliser au mieux de voter stratégie les nombreux outils disponibles.

La journée, dont le programme et les objectifs sont détaillés ci-dessous est organisée pour travailler en groupe de six personnes autour des questions qui sont les vôtres et, qui sait, des projets que vous souhaiteriez partager.

Il ne sera pas délivré de recettes, mais une information claire, adaptée et illustrée, pour un meilleur savoir être et savoir faire dans l’univers « digital » qui dérange tant, souvent faute de bien le connaître.

[Evolution numérique]allons-nous laisser se développer un nouveau « Lumpenproletariat » ?


Quelle idée, un Lumpenproletariat  et puis quoi encore ?

Chaque évolution économique (ou révolution) est caractérisée par la « production » d’une population de « laissé pour compte » composée de tous ceux qui n’ont pas su, ou pas pu (voire les deux) s’adapter et s’intégrer au mieux pour eux dans leur nouvel environnement.

Jadis, les révolutions économiques étaient tout d’abord au bénéfice d’un petit groupe d’acteurs qui, par la connaissance et  l’instruction, s’attachait à mettre en oeuvre les nouveaux outils, les nouvelles organisations, pour en tirer le meilleur profit.

Aujourd’hui, le niveau d’instruction a globalement évolué et dans l’évolution numérique les outils ont été largement distribué.
En fait, une des particularités de cette nouvelle étape tient dans les conditions de sa mise en oeuvre : elle est le fait de nos actions quotidiennes et de notre – apparemment insatiable – appétit technologique.

Au delà de la schizophrénie qui nous guette – être au coeur d’une évolution que nous ne maîtrisons pas ou peu – se posent les questions quant à la préparation des générations futures.

Pour ma part et si cela a pu être vrai un jour, il y a longtemps que je ne regarde plus le monde numérique avec la candeur ou la naïveté de certains sans pour autant penser que l’absence de programme de formation tient du complot des puissants alors qu’il est probablement la conséquence de l’incurie de nos « élites ».

transformation_digitale_morganimation_fotoliaLe numérique est une évolution irrémédiable qui porte en elle des opportunités incroyables mais également des risques.

La compétition est globale et nos économies occidentales ne sont pas à l’abri de sérieuses déconvenues dans les prochaines décennies, alors que au-il encore attendre pour travailler à la mise en oeuvre de formations sérieuses et pertinentes pour préparer les cyber-citoyens de demain ?

Il y a un an la chaire d’économie numérique de l’Université-Paris Dauphine et Médiamétrie publiaient les résultats d’une enquête portant notamment sur le sujet :

« La révolution numérique touche tous les aspects de la vie sociale, et en particulier l’enseignement, tant dans ses formes que dans ses contenus. Elle conduit à repenser notre système éducatif pour le rendre plus performant et mieux adapté aux attentes des Français »,

commentait Dominique Roux, Responsable scientifique de la chaire Économie numérique.

On peut également y découvrir que les français sont favorables à un enseignement numérique via un outil numérique (tablette, ordinateur, Internet, etc.) très tôt dans la scolarité des enfants. Près de huit personnes sur dix pensent que l’enseignement via un outil numérique peut débuter entre la maternelle et le collège. Le niveau scolaire privilégié pour débuter est le primaire pour 37 % des personnes interrogées. Viennent ensuite le collège (23 %) et la maternelle (19 %). Seuls 17 % des interrogés considèrent que l’enseignement numérique doit débuter après le collège (lycée, université, formation professionnelle).
S’agissant de l’enseignement numérique à distance (vidéo, visioconférence, autoapprentissage), les personnes interrogées le recommandent à des niveaux de scolarité plus avancés : 38 % préconisent de le débuter entre la maternelle et le collège, alors que plus de la moitié (56 %) le recommandent plutôt entre le lycée et la formation universitaire ou professionnelle.
En ce qui concerne l’intensité de l’emploi des outils d’enseignement numérique ou l’intensité d’utilisation de l’enseignement à distance, les Français suggèrent de les « doser » en fonction de l’avancée dans les études.


impact_enseignement

Repenser le système éducatif pour répondre aux besoins des citoyens doit être une préoccupation hors il semble qu’il n’en est rien (ou presque).

Que des officines de formation animée par des « digital natives » proposent qui « comment se faire des amis sur Facebook », qui « maîtriser Twitter », ou encore « lancer une campagne sur Snapchat » est une bonne chose !
Que des établissements et/ou des filières reconnues inscrivent à leur programme des formations techniques ne peut que qu’aller dans le bon sens.

Mais, et seulement, si ces enseignements et ceux qui les portent sont capables de contextualiser cette évolution et d’en présenter les atouts comme les risques tout en aidant les citoyens à l’apprivoiser.

A défaut, tout le monde saura « cliquer et liker », mais peu seront capables de « jouer »  avec aisance de cette évolution digitale et le plus grand nombre viendra rejoindre le « lumpenproletariat », sous-classe victime de la fracture numérique et de l’incapacité de nos dirigeants à anticiper ce futur si proche qu’il se dérobe déjà sous les pieds de certains !

A bon entendeur.

[Economie numérique 2008-2013] Panorama des économies les plus avancées


Récemment, HBR publiait les éléments d’une étude réalisée dans le cadre de « the Fletcher School at Tufts University » et portant sur l’évolution de 50 pays vers l’économie numérique.

L’intérêt de ce travail tient notamment à la définition en 2008 d’un index, le DEI (Digital Evolution Index) construit à partir de données objectives tenant à 4 critères :

  • la maturité de l’offre (y compris l’accès, la réalisation et l’infrastructure des opérations);
  • la maturité de la demande (y compris les comportements des consommateurs et les tendances, compréhension des enjeux financiers de l’Internet et des médias sociaux) ;
  • le niveau d’innovation (y compris les écosystèmes de support à l’entrepreneurship , les innovations technologiques et le financement ; la présence et l’importance des forces perturbatrices ainsi que l’existence d’une culture et/ou mentalité « start-up » ) ;
  • la préparation des institutions (y compris l’efficacité du gouvernement et son rôle dans les affaires, les lois et règlements et la promotion de l’écosystème numérique )

A partir des données récoltées, l’étude propose de classer les pays dans quatre grands groupes :

  • Stall Out réunit les économies qui ont perdu l’élan initial que leurs économies avaient pu connaître dans leur maîtrise du numérique et de ses conséquences.
  • Dans Stand Out figurent les pays qui « continuent » à faire évoluer leurs économies dans une transformation digitale maîtrisée et déjà de très bon niveau.
  • Watch Out est le groupe des économies qui, malgré des opportunités et parfois des réalisations intéressantes, ont encore à faire face à des blocages ou des conservatismes très forts.
  • Enfin Break Out recense les pays qui ont le potentiel mais qui doivent travailler à améliorer le niveau global  de maturité pour faire basculer leurs économies dans le groupe des « stand out »

Trajectory Chart Explainer

 

Et en 2013, le positionnement de 50 pays suivis est le suivant au regard des groupes définis ci-dessus :

W150210_CHAKRAVORTI_COUNTRIESBUILDINGDIGITAL1

Généralement si les constats sont intéressants, il est souvent plus pertinent de s’attacher, quand cela est possible, aux évolutions et de s’attacher ainsi à comprendre les tendances et leurs significations.

C’est ainsi que cette étude publie également l’évolution des classements des pays depuis 2008 :

Maturité numérique 2008-2013

Il est clair que l’Europe en pleine crise économique est un peu à la traîne après avoir été leader sur ce sujet et qu’elle code du terrain notamment par rapport aux USA.

L’émergence dans le haut du classement des économies de « pays nouveaux » est réjouissante même si elle constitue une perturbation pour la plupart des occidentaux et qu’elles nous obligent à aller encore plus loin et vite vers l’innovation et la compréhension de l’économie de demain.

Pour en savoir plus et connaître le détail des chiffres, les données sont en libre accès au format MS-Excel.

 

[Digital]Dessinons ensemble la Suisse de demain !


En Suisse, comme ailleurs, le futur se prépare maintenant !
Mais en Suisse, à la différence de certains ailleurs, le « digital » n’est pas inscrit officiellement dans « l’agenda » de l’évolution socio économique du pays, ce qui revient à constater que personne ne semblait s’en soucier jusque là !

Au niveau politique c’est Fathi Derder qui a pris les devants en interpellant le Conseil Fédéral :

La classe politique doit ainsi mieux comprendre la révolution en cours. On le voit, les questions numériques concernent tous les domaines. Elles sont transversales. Or, les outils existants ne permettent pas cette transversalité, notamment au niveau du Conseil fédéral. Il faut repenser l’organisation de l’appareil étatique, et doter le législateur d’une vision d’ensemble des enjeux, tant au niveau du développement économique, que du progrès social, ou de la protection des données.

Je salue, avec d’autres, cette initiative et je me réjouis que depuis et sous l’impulsion notamment de Jean Henry Morin la question de la création d’un Agenda Numérique pour la Suisse (Article paru dans Le Temps du 19 janvier 2015 réservé aux abonnés) soit mise sur le devant de la scène et que tout à chacun puisse y participer.

Le numérique bouscule tous les codes et les habitudes, la dématérialisation et la mobilité accentuent la pression de l’économie à la demande (Uber, AirBnB, …) et obligent les entreprises à conjuguer recherche de nouveaux relais de croissance et innovation managériale.

Du côté de l’économie et vu le pragmatisme qui caractérise les entreprises suisses, il est probable qu’elles sauront être à la hauteur des enjeux de leur propre survie.

Au niveau des cadres étatiques, je n’ai pas la compétence pour juger de ce qu’il conviendrait – ou pas – de faire, mais je suis persuadé qu’à l’instar de ce qui se passe ailleurs, nos « élites politico administratives » ont – à de rares exceptions près – une incompétence numérique grave !

Par contre, certains secteurs dont celui de l’éducation m’intéressent tant ils sont clés dans le processus de transformation.

La suffisance affichée par certains représentants du secteur académique n’a d’égale que leur incapacité à imaginer un futur proche dans le temps, mais très éloigné de leurs certitudes et de l’orthodoxie managériale enseignée depuis 50 ans !

Que la compétence soit fédérale ou cantonale, que les établissements soient privés ou publics n’y changent pas grand chose, l’univers académique doit réfléchir à son organisation et aux moyens qu’ils utilisera pour :

  • préparer les formateurs et accompagnants nécessaires
  • redessiner le contour pédagogique et les enseignements nécessaires

A l’image de ce qui parfois se fait ailleurs (Exemple le SSAT, un cas intéressant outre Manche), la Suisse doit inscrire dans son agenda numérique la question de la formation et se donner les moyens d’une population active, pertinente et contributive dans l’économie de demain.

Les enjeux sont clairs et dépassent les habituels sujets traités au TJ qui de la montre connectée (pour le secteur horloger), du big data (pour le secteur financier) et que sais-je encore.

Il s’agit de bâtir une société efficace dans laquelle chacun trouve une place et son bonheur.
il s’agit de réfléchir à la bonne manière d’accompagner la perturbation que le numérique génère dans tous les espaces et les moments de la vie des confédérés.
Il s’agit de dessiner ensemble la Suisse de demain !

Rejoignez l’initiative pour un agenda numérique suisse  !