Ce billet est une tentative de commentaire à Le numérique change tout : vrai ou faux ? mis en ligne lundi sur le site-blog du journal Les Echos.
Ma première remarque tient aux citations que contient ce billet, citations empruntées à d’honorables tenant de l’économie traditionnelle, formés aux grandes écoles françaises et représentant des grandes entreprises tricolores !
Pas de créateur de jeunes pousses ou bien d’entrepreneurs « perturbateurs », bref dans le monde 2.0 des auteurs, rien ne change …. si, pardon ils bloguent maintenant !!!!!
Reprenons les 5 points de l’inventaire à la Prévert qu’ils nous ont proposé :
- La hiérarchie va disparaître : vrai et faux
Et on reparle des silos organisationnels, des hiérarchies, de l’holocratie et de la nécessité de prise de décision tout en citant en contre exemple Google pour son organisation « très américaine » (???) pour conclure que cela peut fonctionner pour les petites entreprises !
On aurait aimé voir chez les auteurs un peu plus de curiosité et d’effort d’imagination pour esquisser une organisation plus agile, plus pragmatique qui verra les hiérarchies disparaître quand elles n’apportent rien, disparition qui se fera au bénéfice des wirearchies, voire d’autres types d’organisation que le numérique permet par la disponibilité des outils, une meilleure transparence (gouvernance) et une mobilité accrue - Les collaborations vont se généraliser : faux
Sur ce point, on se révèle perspicaces !
Tout y passe ou presque : les enjeux de pouvoir, la fracture numérique et/ou générationnelle ; on a de la chance, ile ne nous ont pas fait « le coup de la génération y« , ouf !
Depuis au moins 15 ans les initiatives collaboratives fonctionnent bien, notamment pour les projets et la gestion des connaissances, dans beaucoup d’entreprises. Ainsi, les participants de ces communautés ne croient plus depuis longtemps au mythe de la performance personnelle, de même que les pratiques d’évaluation individuelle qui, elles aussi, intègrent la collaboration comme indice ou critère d’évaluation. La collaboration n’a pas besoin de se généraliser, elle doit être supportée là oû elle fait sens et elle apporte de la valeur aux employés, donc in fine à l’entreprise. La collaboration n’est pas un « credo », c’est une opportunité ! - Le changement va s’imposer : faux
Ah bon ! Pourtant le changement s’impose déjà, n’en déplaise à nos chers auteurs et la meilleure preuve est qu’ils s’essaient à des supports médias (blog) qu’ils dédaignaient probablement encore il y a peu.
Si comme ils prétendent, la peur du changement fige les grandes structures (françaises?), il est temps pour beaucoup de faire leurs cartons pour aller voir du côté des entreprises « digital natives » qui ont largement plus à leur offrir.
Certaines grandes structures et/ou secteurs d’activité ne changeront pas et disparaîtrons dans les prochaines décennies. Le numérique oblige à se renouveler pour trouver de nouveaux relais de croissance et ce plus rapidement, toutes bonnes raisons de penser que le changement est en train de se faire « à l’insu du plein gré » des auteurs du billet des Echos - Les managers vont se raréfier : faux
Cette affirmation est un peu bizarre et à part vouloir rassurer les lecteurs issus du middle management, on ne voit pas d’où, ni de qui elle émane. Ce qui change avec le numérique, ce n’est pas le nombre de managers (on s’en moque), mais le type de management et la manière dont les hommes et femmes vont occuper ce rôle dans ses dimensions de « guide », de « coach » et de « réalisateur ».
L’évaluation entre pairs ou à 360° fonctionne déjà officiellement, à la machine à café, dans les couloirs ou les groupes sur les réseaux sociaux et il ne manque à l’entreprise que la volonté, le courage et la transparence pour en faire un vrai outil de valorisation de l’humain dans son rôle pour l’organisation. - La DSI va perdre le pouvoir : vrai
Les directions informatiques sont en train de perdre, il est vrai, du pouvoir au détriment des directions marketing et ventes.
La redistribution des cartes au sein de la C suite n’est que le reflet du changement de l’entreprise (je croyais qu’elle ne changeait pas….) qui se réorganise autour de ses objectifs : une meilleure performance économique et sociale.
L’infrastructure et les outils informatiques doivent servir (et non guider) la réalisation de ces buts et les directions informatiques, en dehors d’un enjeu de pouvoir, ont l’opportunité de valoriser leur proposition de valeur (qualité, pertinence et disponibilité des services) auprès des métiers.
Le numérique perturbe les équipes informatiques et les met au défi de faire plus vite, au moins aussi bien, pas plus cher et toujours disponible. Le succès dans ces missions révélera une autre forme de pouvoir.
En fin de compte, le billet proposé sur le site des Echos n’apporte aucun élément de réponse, ni même de réflexion (je n’ose pas employer le mot « perspectives »)
Il est dommage que pour des raisons d’audience (j’imagine), certains supports publient ce type d’articles sans chercher à « rendre son lectorat plus intelligent » !
Il y a beaucoup d’intelligence, de finesse de vue et de qualité d’écriture par des contributeurs avertis – français et étrangers – autour de ces questions qui « agitent » le monde de l’entreprise et il est dommage de s’en priver!
Pour ce que j’en dit !
Pingback: Devoir de réponse : le numérique ...
C’est drôle, mais moi je partage l’essentiel de ce que transmet le billet en question.
Je ne vais pas reformuler les arguments, si l’article n’est pas parvenu à s’expliquer, je ne saurais aucunement faire mieux.
Par contre, je ne partage pas votre analyse.
Cependant, je suis heureux que vous l’ayez publiée, car comme aurait, paraît-il, dit Voltaire : je ne partage pas vos idées mais je donnerais ma vie pour que vous puissiez continuer à les exprimer.
😉
Cordialement
Merci,
Puis-je me permettre de vous proposer cet article ?
http://wlp.wharton.upenn.edu/LeadershipDigest/social-technology.cfm
Cordialement
Claude
Merci pour l’article. Je suis basiquement d’accord avec ce qu’il énonce. A la fois sur le constat des prémisses et sur les orientations préconisées.
Avec quelques nuances et des détails différents, bien sûr, mais fondamentalement d’accord, parfois avec conviction.
Partageant les mêmes points de vus sur cet article, jen conclus que nous n’avons pas du lire l’article des Échos avec les mêmes lunettes 😉
Cordialement
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