Connexion et environnement numérique : demande ou obligation d’innovation managériale ?

Après « A l’ère des réseaux, le management doit évoluer« , voici le second billet proposé en collaboration avec Jon Husband :

Gary Hamel a appelé, dans « la fin du management » paru en 2008 à un profond changement du management. Cet appel à l’exploration, l’expérimentation et l’action est en phase avec l’émergence – au cœur de l’arène – de tant de débats autour d’abord de l’Entreprise 2.0, puis du » Social Business « . Voici un extrait clé :

This may not be a detailed design spec for a 21st-century management system, but I doubt it’s far off. Argue with me if you like, but I’m willing to bet that Management 2.0 is going to look a lot like Web 2.0. Most of us grew up in a “post-industrial” society. We are now on the verge of a post-managerial society, perhaps even a post-organizational society. Before you object, let me assure you that this doesn’t imply a future without managers. Just as the coming of the knowledge economy didn’t wipe out heavy industry, so the dawning of a post-managerial society won’t produce a world free of executives and administrators. Yet it does herald a future in which the work of managing will be performed less and less by “managers”. To be sure, activities will still need to be coordinated, individual efforts aligned, objectives decided upon, knowledge disseminated, and resources allocated, but increasingly this work will be distributed out to the periphery. While Management 2.0 won’t completely supplant Management 1.0, the two versions aren’t entirely compatible. There are going to be conflicts. Indeed, I think the most bruising contests in the new millenium won’t be fought along the lines that separate one competitor or business ecosystem from another, but will be fought along the lines that separate those who wish to preserve the privileges and power of the bureaucratic class from those who hope to build less structured and less tightly managed organizations. Richard Florida sees the same battle shaping up. In The Rise of the Creative Class, he puts it bluntly: “The biggest issue at stake in this emerging age is the ongoing tension between creativity and organization.” This is, perhaps, the most critical and intractable management trade-off of all, and therefore, the one most worthy of inspired innovation. It will take more than advances in technology to issue in the post-managerial age. As I noted earlier, management and organizational innovation often lags far behind technological innovation. Right now, your company has 21st-century Internet-enabled business processes, mid-20th-century management processes, all built atop 19th-century management principles. 

Il se fait de plus en plus clair aujourd’hui que les capacités et la dynamique des plates formes sociales axées autour du consommateur … ces drôles d’outils qu’on appelle des blogs, des wikis et des « widgets » reliés ensemble par les services Web et l’utilisation d’API … sont en tain de trouver leur place dans l’environnement de travail numérique sous la forme de plates-formes de collaboration.

Pourquoi pas ? Après tout, ils sont les moyens par lesquels nous découvrons comment l’activité humaine (intentionnelle ou non) se traduit dans l’environnement en ligne. Les gens ont toujours crée et construit  » … les savoirs à travers l’échange d’informations, la parole et l’argumentation ou la mise en avant d’autres idées, d’autres sources d’information et d’autres pratiques .  »

Avec l’interactivité, le travail devient plus rapide et moins réfléchi.

L’étiquette 2.0 est utilisée pour désigner un environnement plus interactif, moins statique.
Que cela nous plaise ou non, nous passons d’une époque où les choses étaient supposées être contrôlables (capables d’être défaites puis assemblées dans un cadre clair, linéaire, toujours reproductible et donc une forme statique) à une époque caractérisée par un flux continu d’informations.
Parce que les flux nourrissent les activités des organisations, grandes et petites, ils exigent nécessairement être interprété et mis en forme en entrée et sortie d’une façon utile – ce que nous appelons « le savoir ».

Les appellations Enterprise 2.0 et « Social business » peuvent aussi être considérées comme l’étape initiale de la rencontre des avancées significatives en matière de technologie de l’information, des sciences de gestion appliquée à des processus d’affaires, et de l’analyse et du contrôle des activités opérationnelles. Ces forces et ces facteurs convergent dans les outils de travail d’aujourd’hui, outil dans lequel le flux continu d’information est la règle plutôt que l’exception.

Ainsi, comme Hamel l’affirme, il est important sinon essentiel de jeter un regard critique sur les hypothèses concernant le travail présenté comme « ensemble statique de tâches et de connaissances disposées en constellations spécifiques sur un organigramme « . (cf. les principales méthodes d’évaluation pour plus de détails 😉

Nous pensons que nous devons revoir les principes fondamentaux de la conception du travail ainsi que les règles de base utilisées pour configurer les organisations hiérarchiques, règles dans lesquelles la principale hypothèse est que la connaissance est mise à profit dans une chaîne de prise de décision verticale.
Il ne s’agit pas de remplacer la hiérarchie en bloc … mais plutôt, de combiner les capacités des systèmes d’information et des réseaux sociaux avec deux décennies d’expérience avec les équipes et les pratiques organisationnelles pour privilégier la centralisation (hiérarchie) ou la configuration réseau où et quand elles sont nécessaires … la centralisation et la décentralisation.

Que la centralisation ou la décentralisation des flux d’informations entre les mains des travailleurs du savoir peuvent fonctionner simultanément et efficacement est, nous pensons, un changement significatif, et il devrait servir d’hypothèse de base dans la conception du travail du savoir.

Principes de développement et apprentissage organisationnel sont la clé du changement

En ce qui concerne l’innovation en matière de management réclamée par Hamel … notre conviction est que les principes de développement organisationnel développés au cours des 30-50 dernières années représentent un cadre suffisamment grand et assez cohérent qui s’étend aux initiatives de conception participative de l’environnement du travail via la recherche de l’amélioration de la qualité de la vie (QWL) , les cercles de qualité, les approches socio-techniques des systèmes, l’autogestion au niveau des équipes, les initiatives style « GE – WORK OUT », les méthodes globales participatives et ouvertes pour décider en consensus du changement et des modèles de construction et les approches de «gestion» (vision, objectif, attribution des responsabilités, allocation des ressources, mise en œuvre, évaluation, etc. ) telle Future Search et Open Space (Forum Ouvert).

Les différents éléments de ces approches et méthodologies se sont immiscés au cours des dernières décennies en tant que solutions logicielles tandis que les systèmes intégrés ont nourri par un flux constant d’information les processus de conception, de développement et de livraison de produits et de services.
Cela a conduit à une fragmentation des efforts d’amélioration de la productivité tout autant que potentiellement à la rendre plus rapide et plus efficace pour créer des flux concentrés et intégrés.
L’astuce consiste à être capable de faire les deux et de choisir ce qui est nécessaire quand et pourquoi. Aujourd’hui, nous vivons et travaillons de plus en plus souvent tout autant dans les réseaux que dans des systèmes hiérarchisés.

Les principes cités dans le paragraphe ci-dessus ont été développés au cours des dernières décennies dans le but d’adoucir, d’atténuer ou de contourner les aspects les plus rigides et les moins efficaces de l’organisation et de la conception hiérarchique du travail.
Le volumineux débit quotidien d’information tant en interne qu’en provenance principalement des clients et des marchés impose maintenant que le « travail du savoir » se fasse sous forme de projets ou d’initiatives limitées dans le temps. Ceci exige de la collaboration, un partage transversal (à l’horizontale) et l’utilisation des connaissances quand et où elles sont nécessaires, ou simplement seront mieux mises à profit.

Le défi de l’architecture sociale

Le défi architectural est de concevoir et de mettre en œuvre, à la fois les processus de travail et les façons dont les humains interagissent (entre eux et au regard du travail), avec intelligence pour favoriser le(s) changement(s) nécessaires(s).
Cela signifie comprendre beaucoup mieux la structure et la dynamique des réseaux et l’influence nouvelle d’une plus grande transparence pour aborder les questions telles que décider ce qui doit être centralisé ou décentralisé, qui doit être impliqué et pourquoi (compétences, disponibilité, adéquation avec l’équipe, etc. ), ce qui est une activité individuelle ou de groupe, et comment les activités de gestion, de « reporting » et de suivi seront supervisées.
De nombreux exemples de ces facteurs et de ces influences sont apparus sur les tablettes comme le management, le leadership et les publications sur le sujet du comportement organisationnel ont augmenté rapidement au cours des deux dernières décennies.
L’expérimentation complète, participative et quelque part démocratique des processus de développement reflète en partie la dynamique de base constatée sur le web dans la relation client et la participation du public.
Dans la mesure où des outils, des services similaires et la même dynamique commencent à pénétrer nos lieux de travail, nous allons rechercher des méthodes, des pratiques et des philosophies qui évoluent étroitement en parallèle avec les processus de recherche, d’exploration, de sens de décision, de négociation et de mise en œuvre  – établis par l’approche Cognitive Edge – pour traiter des questions difficiles et complexes des organisations, telle que décrite par Dave Snowden.

Nous pensons qu’il y a une cohérence importante dans beaucoup de ce qui a été développé au cours des deux dernières décennies.
Pour rappel, le cadre promu en grande partie par Développement Organisationnel visait, peu à peu, à atténuer les effets les plus durs de devoir diriger et de gérer hiérarchiquement avec des vieux modèles, tout en s’efforçant de découvrir et d’utiliser ce qui fonctionne réellement.

Dave Pollard, un expert de la gestion des connaissances bien connu, appelle de ses voeux les « solutions de contournement », tout en suggérant que la plupart de ces méthodes de gestion traditionnelles sont de moins en moins utiles, mais sont toujours en place parce qu’elles procurent statut et pouvoir. Comme Dave Pollard, Jon Husband croient que généralement les gens veulent bien faire et être efficaces dans le travail et que pour le rester, il inventent et cherchent des solutions de contournement constamment.
Ceci est du développement organisationnel dans sa plus simple expression … découvrir ce qui fonctionne le mieux quand les gens ont besoin de coopérer et de collaborer pour faire avancer les choses et atteindre les objectifs, continuer à «apprendre» et intégrer ce qui fonctionne dans les pratiques au quotidien.

Les deux / Et à partir de maintenant..

 » Comprendre  » est au cœur des principes du développement organisationnel et cela va plutôt bien avec le Web 2.0 et la dynamique participative et collaborative.
Le développement organisationnel a souffert d’être considéré comme «tendre» et du type « si vous avez le temps » « , en particulier dans l’environnement chaotique et ambiguë de la première décennie du 21e siècle.
S’il est une maxime dans le domaine du développement organisationnel c’est bien «the soft stuff is the hard stuff», mais ceci peut être et est souvent écarté ou ignoré par les plus intraitables et idiots des managers, la foule des  » je veux tout mesurer et je ne tolère aucune exception ».

Il est clair que nous avons besoin de ces deux objectifs, des mesures et des processus bien définis et suffisamment de souplesse et de support pour aider les gens à apprendre, à s’adapter et à contourner les politiques, les pratiques et les processus inefficaces ou obsolètes.
De plus en plus, nous sommes d’avis que c’est un modèle cohérent et pertinent, permettant de travailler efficacement dans l’entreprise 2.0.
Cependant, il n’est pas considéré aujourd’hui comme le modèle dominant en matière de «management».

La dynamique générée aujourd’hui par les travailleurs du savoir en réseau au travers de l’utilisation de solutions informatiques et de services Web légers, faciles, en interopérabilité avec les systèmes intégrés déjà en production est semblable en terme de portée et d’ampleur aux défis abordés par le domaine du développement organisationnel … mais avec une fréquence plus régulière et une plus grande intensité.

Pris dans leur ensemble comme un cadre de gestion cohérent, les principes fondamentaux du développement organisationnel et l’apprentissage représentent peut-être les débuts de l’innovation dans le management dont Gary Hamel suggère que nous avons besoin.
Un autre des grands penseurs des questions de « management », Stan Davis, ne suggérait-il pas, il y a vingt ans, à la fin du chapitre 3 dans son livre de 1987 Future Perfect :

 Electronic information systems enable parts of the whole organization to communicate directly with each other, where the hierarchy wouldn’t otherwise permit it. What the hierarchy proscribes, the network facilitates: each part in simultaneous contact with all other parts and with the company (see expanded definition above)as a whole. The organization can be centralized and decentralized simultaneously: the decentralizing mechanism in the structure, and the coordinating mechanism in the systems. Networks will not replace or supplement hierarchies; rather the two will be encompassed within a broader conception that embraces both.

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