Social business : beaucoup de bruit pour rien ?

A lire ce titre, je vous imagine déjà inquiets ou perplexes !
Rassurez-vous, je ne commets pas ce billet pour mettre en doute l’intérêt d’une statégie social business, bien au contraire !

Les espaces sociaux débordent (presque) de contenus, d’échanges, d’informations, d’avis, qu’il nous plairait, tout à chacun, de savoir et de pouvoir « décortiquer » pour en tirer l’essence.

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Mais, depuis au moins deux ans (voir les prédictions de Dachis Group pour 2012 ainsi que l’excellent document de McKinsey intitulé  » Big Data, the next frontier for innovation and productivity « ) on nous promet et on discute atour de l’engagement et de l’exploitation de ses formes d’expression dans les médias sociaux (big data), mais pour le moment, rien de très convaincant (j’ai peut-être raté quelque chose ?).

Et puis la semaine dernière, je suis tombé sur une chronique dans Le Monde daté du 5 avril à propos du livre publié par Jean-François Fogel et Bruno Patino : « La condition numérique ».
Parmi les « bonnes feuilles », une (pages 9 à 16) a particulièrement retenue mon attention

La viralité sociale, visant à faire circuler des contenus – texte, image, vidéo, son, application, etc. – à la façon dont un virus contamine une population, est la dynamique d’Internet. Le mouvement est une forme qui l’emporte sur le fond. On pense à la confidence du peintre Henri Matisse, « je ne peins pas les choses ; je ne peins que leurs rapports », en voyant que l’essentiel de l’activité n’est pas tant de produire des contenus que d’amener des amis ou l’audience vers ces mêmes contenus en réponse à un message.

Peindre le rapport, valoriser le mouvement, qui existe entre les choses, c’est également bousculer notre vision (conventionnelle) d’un lien figé et ainsi ouvrir la voie à l’épanouissement de la wirearchy chère à Jon Husband !

wirearchy

Hors la collecte des données, la quantification des messages, des enseignements ne peuvent pas, en l’état actuel, suffire pour prétendre trouver toutes les pépites que recèlent nos relations sociales quand bien même elles s’épanouissent avec l’appui de solutions informatiques !

Si la statistique et les outils savent nous indiquer avec précisions le volume du bruit, son origine, sa composition, sa fréquence, voire son tempo, ils sont incapables de nous retranscrire la finesse des modulations ou encore la richesse des silences.

unnecessary_noisePourtant, ces informations sont tout aussi importantes que les données de masse et il est essentiel – au delà du bruit – de pouvoir décrire la nature et l’intensité des mouvements, des rapports entre les choses, pour mieux les interpréter au service d’objectifs économiques et/ou sociaux.

Les espaces sociaux regorgent de bruits et de silences mis en oeuvre tantôt avec passion ou nervosité mais également à l’occasion de pauses et une systématique d’analyse du type big data risque de vous faire passer parfois à côté de l’essentiel.

S’il y a beaucoup de bruit, cela signifie qu’il y a certainement de la pertinence, de l’engagement, donc de la valeur pour vous, aussi à côté de vos programmes Big Data et Business Intelligence, n’hésitez pas à mettre en oeuvre un « community management » professionnel qui saura enrichir vos données statistiques par l’apport d’une dimension humaine, intelligente et sensible.

C’est à mon avis l’effort à faire pour tirer le meilleur parti d’une stratégie « social business » avant que la nature humaine, dans sa singularité, ait pu être mise en équation 😉

On en reparle ?

Pourquoi pas le 25 avril à Lausanne ?

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8 réflexions sur “Social business : beaucoup de bruit pour rien ?

  1. Juste deux remarques en passant :
    • j’ai été surpris sur le schéma « big data » de ne pas voir une seule fois le mot « décision ». Surprenant non ?
    • sur la notion de bruit et le community management professionnel c’est vrai qu’il faut être vigilant. Si les choses sont mal cernées et mal pilotées on se rend souvent compte que celui qui fait le plus de bruit est souvent…le community manager.

  2. Je trouve intéressantes les oppositions – conscientes ou non – dans votre développement entre l’incapacité des outils à notre disposition à « retranscrire la finesse des modulations ou … la richesse des silences », la symbolique de l’interdiction du « bruit inutile » et pour finir la conclusion « s’il y a beaucoup de bruit, cela signifie qu’il y a certainement de la pertinence, de l’engagement, donc de la valeur pour vous » …

    Les véritables mutations me semblent plutôt avoir été la résultante de processus longs et silencieux. Surtout ceux qui concernent la « nature humaine ». Sans recourir à des images classiques comme celle des chiens et de la caravane, ou celle du graal, ne pensez vous pas que nous avons simplement de la peine à savoir que faire de ce « débordement » dont nous voudrions tirer l’ « essence ». Et lorsqu’on parle de chercher d’essence en relation avec la nature humaine, on ne s’éloigne jamais beaucoup de la pierre philosophale, non?

    Vous avez un angle d’approche peu conventionnel en effet 😉

    • Merci de votre réaction,
      Sans prétention d’ordre philosophique, je constate comme vous que le niveau de bruit est important et continue à augmenter.
      Pour autant, je reste optimiste et je continue à penser que de réelles pépites sont cachées dans tout ce bruit, le challenge : identifier les filons et procéder à l’extraction avant le polissage 😉
      Merci

  3. @Bertrand ..

    Si les choses sont mal cernées et mal pilotées on se rend souvent compte que celui qui fait le plus de bruit est souvent…le community manager.

    Brilliant …

    Le « community manager » est un nouveau role, souvent mal concu et ceux qui s’en occupe ne sont pas bien preparées ?

    je crois que c’est possible de construire l’argument que ca devrait etre entre les imputabilités les plus importantes des « line managers’, mais comme animateur, coach et facilitateur du progres vers des objectives tenu en commun avec ses pairs. Toujours est-il que certains types de decisions et directions devait etre sous le control de qqun, mais les raisons et rationales pour ces decisions devrait etre connu, compris et collectivement appuyer.

    I hope the meaning / sense of my commentary is clear, in French ;-((

  4. Ton article a beaucoup d’intérêt. Je crois que ta piste est a creuser mais attention. Je crois dans les approches organiques tout autant que dans les approches d’écosystèmes. Les relations entre organes d’un corps ou espèces d’un environnement sont importantes. Cependant l’important est dans la découverte de l’élément déclencheur et ensuite des résultats donnes car tout évolué. Ton risque alors est d’essayer de cerner et étudier un corps toujours changeant.

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