[Europe] Individualisation et social business : une relation de cause à effet ?


L’European Values Study a mis à disposition les données de la dernière étude menée en 2008 par des chercheurs dans 47 pays européens.

La dernière « livraison » de données a permis de mettre en exergue (entre autres enseignements) la montée de l’individualisation (ne pas confondre avec individualisme) qui, selon Wikipédia, est :

En sciences sociales, l’individualisation renvoie à une attitude individuelle de distanciation et d’autonomisation par rapport au groupe d’appartenance. Autrement dit, l’individualisation est l’affirmation de l’Etre individuel par rapport à l’Etre groupal.

Ainsi la part de la population la plus individualisée selon cette étude se trouvait en 2008 en Europe du Nord ,mais également en France et en Espagne.

Au regard de cette incroyable source de données, je me suis pris au jeu d’essayer de trouver une corrélation ou pas entre ces enseignements et l’appétence pour le social business, le travail collaboratif et la valorisation de la relation sociale.

Ainsi, à partir des données suivantes (approche communautaire, envie d’aider, pratique collaborative):

  • Pourcentage des personnes qui adhèrent aux organisations qui fournissent des services de protection sociale pour les personnes âgées, handicapées ou défavorisées
  • Pourcentage des personnes qui adhèrent aux organisations religieuses ou d’églises
  • Pourcentage des personnes qui adhèrent aux organisations éducatives, artistiques, musiques ou culturelles
  • Pourcentage des personnes qui adhèrent aux groupes communautaires locaux d’action sur des questions comme la pauvreté, l’emploi, et le logement et l’égalité raciale
  • Pourcentage des personnes qui participent aux groupes de conservation, environnement, écologie ou des droits d’animaux Pourcentage des personnes qui adhèrent aux associations professionnelles
  • Pourcentage des personnes qui adhèrent aux organisations des sports ou de loisirs
  • Pourcentage des personnes qui adhèrent aux groupes de femmes Pourcentage des personnes qui adhèrent aux organisations bénévoles de santé

se dessine une carte où il est clair que les « petits pays » en taille sont ceux dans lesquels l’entraide et les organisations ont une importance pour les citoyens :

europe_values_2008_1

Et selon les données liées à la confiance dans le fonctionnement « politique » (système de gouvernement), on obtient :

european_values_2008_2

Enfin pour ce billet, si on agrège les données correspondant au sentiment de bonheur : à la question êtes-vous très ou assez heureux, l’Europe occidentale et océanique se détache :

european_values_2008_3

Je ne peux m’empêcher de penser que malgré qu’elles datent de 2008, ces données (librement accessibles) recèlent des gisements en matière d’explication pertinente au regard d’une approche différente selon les pays du social business et de l’évolution de l’entreprise.

L’individualisation est probablement très liée au développement économique, mais elle dépend également d’autres culturels, religieux, historiques et elle est probablement un facteur de réussite des projets collaboratifs et sociaux !
Les données de cette étude permettent de croiser avec finesse ces critères pour dessiner un tableau précis de l’Europe à ce sujet, reste encore à « découvrir »les éventuelles corrélations, voire relations de cause à effet avec le degré d’évolution des économies locales et des pratiques de organisations (entreprises, administrations, partis politiques) vers plus et mieux de collaboration.

Si le coeur vous en dit et le temps vous le permet et bien sur que vos compétences vous y autorisent, les données sont accessibles librement !

On en reparle ?

PS : le numéro Juillet-Août de la revue Futuribles sera consacré à la présentation de ce travail du Pierre Bréchon et Frédéric Gonthier à propos des valeurs des européens.

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Réseaux sociaux d’entreprise : contribution, confiance et loyauté


Les derniers retours d’expérience montrent bien que la contribution reste LE point d’interrogation quant à la mise en oeuvre et au succès d’un réseau social d’entreprise !

Aujourd’hui, un taux de 20 à 25% de contributeurs actifs est considéré comme un succès et il est très probablement utopique d’espérer une croissance « naturelle » rapide de la participation.

Le réseau social d’entreprise fait la part belle à l’écrit et nous sommes peu nombreux à accepter de prendre le temps de nous exprimer publiquement sur ces plateformes.

Comment faire pour atteindre un seuil et une qualité de contribution qui atteste du succès de ce type d’initiative ?

Faut-il institutionnaliser le bavardage ?

Le réseau social d’entreprise ou la « machine à café », tel pourrait être le thème d’un débat et les nombreux épisodes de la série télévisée sont autant d’illustrations sympathiques, drôles et souvent pertinentes de notre quotidien en entreprise.

Ces bavardages (dont nous nous régalons tous) sont importants car ils contribuent à la vie sociale dans l’entreprise.
Pourtant, il sont souvent stériles car les leaders d’opinion de « l’espresso serré » ne sont pas forcément ceux qui contribuent le plus dans les projets officiels, mais par leur attitude, ils « tuent dans l’oeuf » l’expression d’opinions différentes et intéressantes.

Le réseau social d’entreprise doit valoriser le bavardage (pas les ragots) en mettant simplement les sujets et les thèmes à disposition sans sacralisation des échanges.
L’échange dans un réseau social d’entreprise n’a rien de comparable avec une conférence une présentation officielle : la charge émotionnelle et la valorisation personnelle n’y ont pas de place.
En refusant que la « cafett » soit le seul espace d’échange entre collaborateurs et en valorisant le débat et le bavardage dans les espaces sociaux, l’entreprise valorise son capital humain et l’intelligence des ressources humaines.

Mais le bavardage et la contribution desinhibée (reste le savoir-vivre) ne peuvent être réellement « productifs » que si l’entreprise est loyale vis à vis des collaborateurs, loyauté dont elle sera également le récipiendaire !

Le retour du modèle d’apprentissage

Il est probable que les différences culturelles entre pays latins et anglo-saxons influent sur les comportements dans les réseaux sociaux d’entreprise. Il semble que la culture anglo-saxonne privilégie plus la créativité, le partage que le savoir.

Delphine Manceau est revenue rapidement sur le sujet et je vous propose d’en lire plus à ce sujet dans la note publiée sur TheHyperTetxtual cette semaine.

Il est un modèle de formation qui va bien au-delà de la transmission du savoir : l’apprentissage.

Il est vrai que ce modèle est souvent considéré, notamment en France et contrairement à la Suisse ou l’Allemagne, avec condescendance par les milieux dits « intellectuels » .

Il est dans l’apprentissage beaucoup plus que de la technique, ce sont avant tout des échanges, des relations humaines, de l’humilité, des réussites, des difficultés, mais jamais, ni de la solitude, ni du repli sur soi.

L’apprentissage ne fonctionne bien que dans des relations de confiance et d’envie (de découvrir et de donner) et il permet de transmettre « naturellement » ce que Thierry de Baillon nomme le savoir renégat !

Mais l’apprentissage, c’est un peu de bavardage et beaucoup de mises en situation concrètes (gestes, méthodes, stratégies, etc.), et c’est également, accepter de ne pas savoir ou réussir du premier coup et savoir aller chercher conseil et aide.
Quand les participants des réseaux sociaux d’entreprises auront l’humilité de contribuer, non pas pour flatter leur ego, mais tout simplement émettre, transmettre, partager et recevoir, comme dans le modèle de l’apprentissage, alors les projets de RSE auront atteint un stade de de maturité justifiant leur déploiement dans les organisations.

Mais faut-il encore, comme dans l’apprentissage, donner la responsabilité de ces espaces à ceux qui sont les plus aptes (expérience, connaissance, talent, envie, etc.) à les faire vivre et à donner aux participants les « outils » les mieux adaptés et vraiment utiles et utilisables. (appel aux éditeurs pour un peu plus d’innovation !)

Difficile sans un esprit d’équipe

Un réseau social d’entreprise peut être caractérisé par l’interaction et  l’engagement.

L’engagement n’est pas une notion vaine dans le monde de l’entreprise, tout comme la confiance sans quoi il est impossible.

Il permet, au delà des plateformes transversales de connaître, reconnaître, découvrir les autres mais également de donner envie, de s’affirmer pour contribuer à la réussite d’une équipe.

Sylvaine Pascual a publié récemment une note et quelques avis (autorisés!) à ce sujet sur son blog en mettant en avant cette valeur essentielle dans les sports collectifs et notamment le rugby (Aupa BO, mais là je m’égare !).

La réussite d’un réseau social d’entreprise passe indéniablement par la valorisation des individus, des savoirs et des expériences et un réel « team spirit » et des vrais leaders !

e-volution 2.0 : chance ou risque ?


L’été est bien là et profitons de la bonne humeur générale pour regarder notre révolution 2.0 d’une oeil légèrement malicieux !

J’ai toujours été amusé de constater en écoutant les prévisions météos aux Etats-Unis que de temps en temps, il y avait des chances d’averses pluvieuses tandis qu’en France les météorologues parlent plus souvent de risques.

Tout le monde sait que le mot chance est employé dans le sens de probabilité, mais il n’empêche que son emploi est peut-être révélateur d’une approche différente du  monde.

Partir du principe que la probabilité qu’une chose arrive est également porteuse d’opportunités (si vous me permettez ce raccourci extrêmement rapide) relève d’une pensée positive qui me séduit bien plus que de considérer toute chose du point de vue du ou des risques qu’elle porte en elle-même ou génère.

Pour revenir aux averses (de pluie ou de neige), le risque est de gâcher une belle journée ensoleillée, de rendre la circulation moins fluide et de probablement de réduire votre brushing à néant!
Par contre, l’opportunité ou la chance d’une averse, c’est d’abord  un phénomène naturel indispensable à notre existence, une occasion de se rafraîchir ou de « farter » ses skis, que sais-je encore !

La « révolution 2.0 » que nous sommes en train de vivre et/ou de subir met en exergue une différence comportementale importante entre ceux qui considérent qu’il s’agit d’une opportunité et ceux qui y voient surtout des risques (donc des menaces).

Pour chacun d’entre nous, le choix entre conservatisme (confort) et audace est permanent et nous savons trouver nos solutions et nous adapter plus ou moins rapidement (opportunisme ?).
Au niveau des entreprises et selon le point de vue et le réalisme de leur dirigeants, le choix entre chance et risque sera déterminant de leur avenir.
Dans une étude récente, USEO illustre les changements actuels liés à l’apparition des « Réseaux Sociaux d’Entreprises (RSE ) qui vont se distinguer des Intranets traditionnels en introduisant de nouvelles règles:

  • Une existence numérique : L’accès est conditionné à la création d’une identité numérique
  • La transparence : La possibilité de savoir qui est venu consulter une information. Plus globalement, l’activité de chacun est affichée : ses lectures, ses contributions, ses interactions,  etc.
  • La mise en relation: L’identification d’autres membres ayant des centres d’intérêt communs et la possibilité de rentrer en contact avec eux.
  • La conversation : La possibilité pour chacun d’engager la conversation, de s’insérer dans une discussion, d’apporter une information

Ces nouvelles règles conduisent au développement de nouvelles valeurs au sein de l’entreprise :

  • La capacité à entrer en contact avec les autres
  • L’abondance
  • La confiance, l’e-réputation,

Des valeurs portées par l’Organisation, mais qui bousculent les modes d’organisation hiérarchiques et dérangent ceux qui estiment que leur «utilité» tient à l’information qu’ils possèdent. Pour cette raison, les RSE se développent dans les contextes où les collaborateurs s’emparent de l’outil avec l’approbation de la Direction. Mais c’est l’encadrement intermédiaire qui en réinventant son mode de management va permettre d’utiliser pleinement le levier procuré par les RSE (pour : fluidifier la circulation de l’information, valoriser les compétences, augmenter le partage d’expertise, etc.) au service d’objectifs métiers. »

En ce qui me concerne, il est clair que nous avons des chances d’entreprise 2.0 dans les mois qui viennent !

Retrouvez ici les publications de la société USEO