J’ai suivi à distance la présentation du Tome 4 de l’étude annuelle consacrée aux réseaux sociaux d’entreprise réalisée par le cabinet Lecko et je souhaiterais revenir sur un point qui m’a étonné.
je n’a pas reçu l’étude et il se peut qu’une partie des réponses à mes questions s’y trouve, mais, je souhaiterais revenir ici sur la matrice des potentiels sociaux des différentes solutions étudiées par Lecko.
Je suis, je dois l’avouer, un peu mal à l’aise avec une matrice qui présente un potentiel (maturité au niveau du soutien à l’intelligence collective) comme un critère différenciateur et le constat que toutes (ou presque) les solutions étudiées présentent un très bon ou excellent niveau de maturité sur ce point.
Je connais Lecko et la qualité de leur travail, leur rigueur, tout ce qui contribue à leur professionnalisme et je profite de ce billet pour en témoigner une fois de plus, mais, mais, mais ….
De deux choses l’une, soit le critère n’est pas pertinent et il faut en trouver un autre,
soit il y a manque d’explication, confusion ou incompréhension à propos de l’intelligence collective.
Selon Pierre Lévy :
L’intelligence collective est le projet d’une intelligence variée, partout distribuée, toujours valorisée et mise en synergie en temps réel….(Le Monde diplomatique – Octobre 1995)
Peux-t-on raisonnablement considérer que toutes (ou presque) ces solutions ont atteint un réel niveau de maturité fonctionnelle dans la distribution, la mise en synergie, le « real time » ?
Si oui, nous devons accepter de devoir considérer un autre critère (ou plusieurs) plus pertinents.
Si la réponse est « peut-être » ou « pas si simple« , il y a probablement matière à préciser où se trouve le curseur qui permet de juger de ce niveau de maturité et quelles sont les attentes légitimes en termes fonctionnels.
Il y a des pistes et celle de l‘interopérabilité est une dimension très intéressante surtout dans le contexte de cette étude focalisée sur l’urbanisation du SI social.
Je vous propose un exercice de « réflexion collective » : quels sont pour vous les critères pertinents au regard de l’intelligence collective ?
Qu’est-ce que ça m’énerve d’entendre parler d' »intelligence collective »…
Ça fait des mois qu’on disserte sur le sujet; j’aimerais bien qu’après le fameux ROI qui était tant décrié, et a qui refait son apparition, Lecko nous explique ce qu’ils qualifient d’Intelligence collective…
Tout au mieux peut-on me semble t-il parler de Social Learning
Par ailleurs Suis très étonné de ne toujours pas voir apparaître des outils comme Salesforce.com dans la matrice.
Frédéric, Chatter est la brique social de Salesforce. Elle est dans la matrice.
Oui effectivement, les réponses sont dans l’étude et les tomes précédents. Il faut regarder la photos mais aussi les évolutions d’années en années.
Plusieurs points :
– La notion d’intelligence collective. Nous la résumons par la capacité de mobiliser les bonnes personnes face à une problématique. La promesse de l’entreprise 2.0 repose sur cette mise en réseau des acteurs et la valorisation des expertises par l’activité sociale. Les conversations permettent au système de fait d’identifier principalement les centres d’intérêts et la reconnaissance accordée en retour par leurs pairs. Le RSE peut ainsi suggérer des mises en relation improbables et s’appuyer sur les proximités sociales pour ordonner ces propositions. La zone « intelligence collective » correspond à une solution qui va faciliter cette mise en réseau et le développement d’usages conversationnels. Ce n’est qu’un potentiel et aucunement une condition suffisante.
– Le caractère discriminant de la matrice : En 2009 lorsque nous avons créé la matrice, nous étions avec une minorité de solutions dans la zone « intelligence collective », aujourd’hui c’est l’inverse. Normal, en trois ans les solutions ont progressé. L’élément nouveau qui apparait aujourd’hui, est la multiplication des applications sociales dans l’entreprise et les effets du cloisonnement applicatif sur cette « intelligence collective » potentielle. Nous avons évoqué le fait que nous allions justement faire évoluer nos critères face à l’évolution de la situation pour ré-évaluer le potentiel social d’une application dans un contexte de SI socialisé.
En tout cas, je ne peux qu’appuyer l’esprit critique dont on doit faire preuve face à une évaluation, quelque soit les critères. Ce n’est qu’une facette, et on ne choisit jamais sa solution à partir du potentiel social. Nous en avons + de 150 dans notre référentiel et dans l’étude 😉
Arnaud, merci de ton « explication » et de l’esprit dans laquelle tu contribues, avec ton équipe, à faire avancer les solutions, les méthodes et les projets.
Cordialement,
Claude
PS : je me réjouis de lire les 150 pages du tome 4 😉 et peut-être de revenir ici sur certains points abordés avec plus de détails.
Fou d’espérance pour la révolution 2.0, je trouve très limitatif les axes Relation/Conversation et bien loin des entreprises que je connais. Perso, je me vois mal expliquer qu’un système va mobiliser l’intelligence collective de l’entreprise, dans un monde ou la créativité individuelle est valorisée et génératrice de rémunération (bonus).
L’intelligence collective se mobilise si le projet est mobilisateur, si une communauté de destin émerge. Pour qu’elle émerge, il faut que les personnes sachent (ou aie la croyance) des avantages qu’elles vont y retirer personnellement en fonction de leurs espérances personnelles (et non communiquées à l’ensemble de la communauté). C’est le rôle des leaders et replace l’humain au centre.
C’est l’éternel conflit entre la vision de l’ingénieur et les espoir de l’humain, la fin de la légalité et l’émergence de la légalité (cf X. Comtesse dans les matinées de l’entreprise 2.0) la fin des processus et du chain of command, héritage d’un taylorisme qui continue de nous polluer l’existence aujourd’hui.
Pour amener ma (toute petite) pierre à l’édifice, j’aimerais que cela soit plus connecté à l’opérationnel, parce que les gens sont dans une boite pour produire. Que cela soit plus orienté résultat pour l’entrepris et pour celui qui y participe.
De mon point de vue, la couche « social » doit être « l’anneau unique » des autres SI structurant (ERP, PLM,…) pour les lier et couper les jambes à la multiplicité des « petits outils » thématiques (gestion d’incident, gestion de projet, gestion des idées, gestion des objectifs, gestion des tâches, gestion des leads, …) qui ne font que polluer les systèmes et complexifier la vie des utilisateurs qui ne savent plus « comment » produire.
Donc, dans une autre matrice, je verrais bien l’impact sur l’efficacité opérationnelle, la capacité de faire évoluer une entreprise du 1.0 au 2.0 progressivement et sans conflit philosophique.
Un critère pertinent pour l’intelligence collective? Ok, je m’y colle, moi qui ne connait que sharepoint et lync ! Eureka, on peut partir sur un critère d’analogie, en comparant le temps mis par une équipe pour résoudre un problème au travers d’une application sociaile et le nombre de pauses cloppes qu’il faut à cette même équipe pour résoudre ce même problème. Et oui, le travail en entreprise consiste souvent à résoudre un problème. J’ai constaté l’effet bénéfique (pour le travail, pas pour les poumons) de la pause cloppe pour la créativité et le réflexion « hors des rails ».
Au delà des grilles d’analyse, l’intelligence collective passe aussi par du contact « interhumain »! Un critère (personnel j’en convient) d’une solution de réseau social pourrait être la capacité de ces outils à faire aussi se rapprocher les collègues physiquement.
Et pourquoi pas?
Merci Franck,
Et pour les non fumeurs 😉
Vous avez raison : la relation humaine ce sont d’abord des contacts, dans tous les sens du terme.
Vive l’IRL !
La pause café fonctionne aussi !