Gouvernance de l’information, entreprise 2.0 : où en sommes-nous ?


Il est acquis pour « tout le monde » que l’entreprise de demain se construira également à partir de la mise en oeuvre de stratégies de gouvernance de l’information.

Jean-Pascal Perrein vient de livrer au nom de l’observatoire de la gouvernance de l’information un livre blanc sur le sujet.

Sujet qui est particulièrement vaste, mais l’ambition de ce travail « collectif » est à la hauteur du défi.

Cette initiative servie par des professionnels (consultants, éditeurs et utilisateurs) arrive à point nommé pour nous permettre de faire un point de situation à propos de la gouvernance de l’information et de l’évolution de l’entreprise mises en perspectives.

Je vous conseille vivement de télécharger ce document qui, en un peu plus de 60 pages, décrit la réalité des entreprises françaises en ce domaine.

Dans ce billet, je reviens sur 3 points qui me paraissent intéressant à développer (toute l’étude est intéressante, bien évidemment !)

La gouvernance de l’information en support à l’économie du savoir

L’économie de demain sera celle du savoir (en réseau), l’information est plus que jamais clef !
Comment gérer avec précicion et efficacité un « processus » de maturation de l’information sous forme de données jusqu’à la connaissance au service de l’accroissement des compétences ?

La donnée est au coeur et son utilisation doit être faite au regard des indicateurs clefs de « performance » de ceux pour qui elle est essentielle : les métiers.

Sans stratégie, ni cadres, ni référentiels, cette exploitation intelligente est  difficile si ce n’est impossible !

La gouvernance de l’information est aussi une pratique « collaborative »
Non seulement,  la mise en oeuvre d’une stratégie de gouvernance de l’information est au service du développement de l’entreprise de demain, mais elle ne peut se faire qu’au travers des « méthodes » (collaboration et transversalité) qui en sont les principales caractéristiques.

Dans le cas précis, on parle d’instance plutôt que d’espace, mais le principe est le même : rassembler autour d’un sujet/projet les rôles les plus pertinents (pas les fonctions les plus importantes) tout en « légitimant » et en crédibilisant le travail du groupe par un lien fort avec une direction opérationnelle de l’entreprise.

Dans la réalité, peu d’entreprises (moins de 30% des participants à l’étude) ont « institutionnalisé » ce mode de fonctionnement pour la gouvernance de l’information : autant dire que le(s) chemin(s) sera(ont) long(s) et très probalement propres à chaque organisation.

La gouvernance de l’information concerne toute l’organisation

C’est en effet une stratégie qui a des effets « structurants » pour l’organisation car tous les contenus (émis, reçus, partagés, stockés, archivés, …) sont éligibles aux programmes qui la supporte.
Et les espaces sociaux sont également concernés, de même que les « outputs » des applications traditionnelles.
Ceci implique que toute l’organisation et ses métiers participent à la « formulation  » de la stratégie – ne serait-ce que pour en apprécier les impacts, mais également à la mise en oeuvre des solutions techniques et/ou fonctionnelles.

Il y aurait beaucoup à dire à propos des enseignements de cette emquête et du contenu de ce livre blanc.
S’il en est une que j’ai particulièrement apprécié, c’est la « remise en cause » de l’approche de la gouvernance de l’information faite du seul point de vue du risque.

Je regrette également que pour certains, il faut attendre l’émergence d’un « gros risque », donc d’une douleur intense probale avant d’entamer une réflexion sur le sujet.
je regrette également que certains éditeurs n’arrivent pas à valoriser leurs solutions techniques, au delà du « painfull », dans une vision (quelle valeur ?) plus structurante et pertinente au service de l’entreprise de demain.

Quoiqu’il en soit, merci à l’Observatoire de la Gouvernance de l’Information !

————————– Articles complémentaires ————–
Medias sociaux : quel besoin de gouvernance pour l’entreprise 2.0 ?

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Gouvernance de l’information et entreprise 2.0 : perspectives 2012

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L’information (les données) plus que jamais au coeur de l’entreprise de demain


Quoi de neuf me direz-vous !

Aucune révolution, en effet, mais quelques précisions ( nécessaires ?)

Distinguer l’information de l’application

Les récentes évolutions techniques ont largement contribué à ce que les utilisateurs s’intéressent de très près aux outils qu’on leur propose à titre professionnel et bien sur privé (la frontière est parfois un peu tenue).

Hors, l’application, bien que nécessaire, n’a en fin de compte aucun intérêt hors de ses phases de conception (pour les éditeurs) et d’utilisation (pour les entreprises) et la vision qu’on en a pourrait être « contreproductrice ».

Dans un modèle basé sur une informatique de gestion, chaque application est « détentrice » des informations et des données qu’elle recueille, qu’elle utilise en phase d’exploitation et qu’elle stocke ou archive.
L’architecture opérationnelle qui en résulte est une organisation qualifiée de « silos », donc fortement verticalisée par métier (et par application!).
Si ce type d’organisation va bien aux directions informatiques (logique matricielle) ainsi qu’à beaucoup d’employés (habitude et confort), elle représente souvent un non-sens pour les entreprises !
L’appropriation des flux d’information par les applications à leur seul bénéfice, c’est un peu comme si chaque appareil électrique avait son approvisionnement en direct avec le fournisseur de courant.
Il existe des référentiels « communs » et partagés par les applications informatiques d’une entreprise, mais l’absence des standards et les « querelles de chapelle » rendent difficile la mise en production d’une architecture plus homogène, basée sur des solutions interopérables!

Quelle est la légitimité des éditeurs à nous proposer des systèmes « propriétaires », fermés, souvent plus au service de leurs intérêts financiers que de ceux de leurs clients ?
A ce stade, il est peut-être temps que certains réfléchissent à leur modèle d’affaire et nous proposent des applications pertinentes, performantes, au service d’un traitement efficace de l’information, réflexion qui peut, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres industries, conduire à d’autres modèles plus aptes à servir le « business » à moyen terme.
Tout à chacun utilise des applications sur son poste de travail, mais également sur son smartphone, l’essentiel est le résultat du traitement, non pas les caractéristiques du logiciel qui a permis de le réaliser.

Open data : une opportunité pour l’entreprise de demain

Si, comme moi, vous considérez que l’information (les données) sont la valeur au service des affaires, vous devez regarder avec intérêt les démarches « open data« .

Est-il encore possible, et si oui pour combien de temps, de penser l’entreprise hors des initiatives open data ?

L’open data est un peu au monde de l’informatique ce que Ikéa est à celui du mobilier :

Les données déposées dans le domaine public et mises à disposition de tous sont une réelle source de valeur ajoutée pour les organisations.
Pour que leur exploitation soit facilitée, il est prudent de les accompagner d’un mode d’emploi.
Pour que cet usage soit largement adopté, il faut décrire les scénarios d’utilisation des données (le type de meuble : étagère, table, etc.) ainsi que les étapes de leur « ingestion » dans le système ou l’application cible (descriptif de montage) et les processus qu’elle gère et/ou commande.

Il est probable qu’une certaine rationalisation s’impose en ce qui concerne la multitude de données dupliquées dans les systèmes publics et privés.
Combien de systèmes différents (reliés ou non) contiennent des informations du type nom, adresse, vous concernant par exemple ?
Ces informations sont publiques et rien n’empêche leur mise à disposition dans un modèle « open data », si ce n’est à préciser qui est/sont le(s) responsable(s) /steward(s) de ces informations.

Les données sont l’information ; une partie d’entre-elles est dupliquée dans un nombre inimaginable de systèmes générant ainsi des surcoûts sans aucune contre partie en terme de valeur ajoutée.

Préserver l’essentiel

Après tout peu importe que certaines données sont partagées si on peut en garantir la qualité !

Les organisations ne pourront continuer, sauf à y consacrer des budgets très importants, à gérer toute l’information dont elles peuvent avoir besoin !
De ce point de vue, il est temps de réfléchir à la mutualisation de données publiques (recensements, annuaires, etc.) au service des entreprises et des administrations.
Et pour avancer sur cette voie, il faut d’ores et déjà adresser, outre la question de « stewardship », celle plus globale de la définition et du périmètre de la sphère privée : débat 2.0 que tout le monde cherche à éviter au mépris de l’intérêt légitime du « citoyen ».

Ce sont là des suggestions au service d’une exploitation (valorisation) facilitée et sécurisée de l’information pour notre plus grand bénéfice et en confiance.

A votre avis ?

Medias sociaux : quel besoin de gouvernance pour l’entreprise 2.0 ?


Nul n’est besoin d’en écrire des pages et des pages sur l’importance (en terme de contenus) des médias sociaux.

Actuellement, l’Entreprise 2.0 Summit se tient à Paris et vous pouvez suivre en « direct » les débats sur Twitter (#e20s).
Je vous conseille également le blog de @haikUsages sur lequel vous trouverez un compte-rendu de ces journées.

La question de la gouvernance est abordée, mais presque « par erreur« , comme si cette question dérangeait, que peu d’entre-nous sont confortables avec ce concept de gouvernance de l’information.

Bien sur, personne ne veut écarter la question, mais on préfère parler d’engagement, de confiance, de loyauté.

La gouvernance de l’information peut impliquer des contraintes dont certains pensent qu’elles nuisent à la qualité de l’expression, donc à l’apport des médias sociaux.

Tout est question d’équilibre et je reste convaincu qu’une stratégie de gouvernance de l’information ne peut que servir les objectifs et la mise en oeuvre  de l’entreprise de demain !

A votre avis ?

Pour alimenter votre réflexion, retrouvez ici le point de vue de Jesse Wilkins – Aiim.

L’entreprise de demain [#e20] – organique, jusqu’où ?


L’entreprise de demain, organique ? A votre avis ?

L’idée est sympathique car elle permet de laisser entrer la VIE et ses aléas dans le quotidien des organisations dans lesquels certains ne voudraient voir que processus et méthodes!

Ce matin encore, Bertrand Duperrin revient dans un billet sur l’impérieuse nécessité de processus efficaces :

l’entreprise de demain fera la part belle aux qualités propres de l’Homme dans la recherche de davantage de performance.
Créativité, résolution de problèmes, gestion des exceptions…tout ce qui est à l’opposé des logiques de process et d’automatisation.
Mais si un certain niveau d’excellence n’est pas atteint sur ce plan il sera difficile de rendre le travail du savoir aisé ni même de lui allouer du temps

Il a raison !

Penser l’organisation comme un organisme « vivant », c’est considérer que le squelette et les fonctions vitales sont l’objet d’automatismes et de processus récurrents et efficaces.
C’est également accepter que l’entreprise grandit et se construit également et principalement autour de flux d’informations qu’il s’agit de capter, de comprendre, d’utiliser, de valoriser, etc., d’exploiter au bénéfice de l’organisation.

Une vision globale

A l’instar des « modèles » d’architecture organique des systèmes d’information sur lesquels elle repose, l’entreprise organique n’est possible qu’ à partir d’une vision globale : Quel sera le fruit issu de ce bourgeon ?

Vison globale, agrégation et réconciliation des objectifs et partage des savoirs, le tout avec agilité et finesse dans une nouvelle dimension: multidirectionnelle.

John wu a publié en 2010 un billet (en anglais) présentant sa vision d’un modèle d’architecture SI organique, et son article disponible ici mérite que vous preniez le temps de le lire (ou de le relire)!

Je voudrais revenir un moment sur le besoin de vision globale et rappeler qu’il y a quelques semaines je publiais sur ce blog un billet à propos de l’email, billet dans lequel j’expliquais :

Le courrier électronique doit évoluer pour être plus pertinent dans les pratiques collaboratives sans pour autant perdre ses qualités : facilité et souplesse d’utilisation.
Cette évolution (rien de nouveau du côté de l’email depuis au moins une dizaine d’année)  peut se faire par l’apport de la contextualisation des contenus portés dans ces messages.

La vision de l’entreprise de demain en tant qu’organisme est indissociable de cette vision globale et force nous est de constater qu’aujourd’hui, les outils, les modèles, les approches proposés par les SI font largement défaut dans ce domaine (malgré les tentatives de solutions de BI pour réconcilier a posteriori les données).

L’organisation se développe aux moyens de processus, d’outils, de méthodes et que sais-je encore, mais sa force vient de sa capacité à créer, innover, se renouveler et cette dimension ne tient pas tant aux moyens qu’aux hommes et à leur capacité à travailler (partager) ensemble !

L’entreprise organique a besoin d’une architecture informatique différente mais également de nouveaux outils et/ou solutions capables d’agréger et de contextualiser intelligemment les flux d’information et les espaces de partage des savoirs.

Et j’ai plaisir à constater en ce début 2012, qu’au-delà de l’initiative que je salue à nouveau lancée par Thierry de Baillon et Frédéric Gilbert, de nouvelles initiatives, portées par une nouvelle génération d’entrepreneurs-utilisateurs, vont très bientôt atteindre un seuil de maturité technologique qui va permettre à l’entreprise de demain d’exister un peu plus dans notre quotidien (en tout cas, c’est un de mes souhaits pour eux en ce début d’année !)

Imprégnées de sémantique, influencées par les approches déployées dans les jeux en ligne, soucieuses du rôle, ces solutions sont clairement orientées vers le service à l’intelligence collective en restant centrées sur l’humain et en offrant un cadre « technique » performant pour l’exploitation du capital informationnel en CONFIANCE et en SECURITE !

En complément, la série de billets à propos de l’entreprise de demain:

L’entreprise de demain [#e20] – virtuelle, jusqu’où ?

L’entreprise de demain [#e20] – libérée, jusqu’où ?

L’entreprise de demain [#e20] – en confiance, jusqu’où ?

L’entreprise de demain a mal à son email !

L’entreprise de demain : Où en sont les DSI

E20 Summit : L’entreprise de demain, c’est quoi pour vous ?

L’entreprise de demain [#e20] – en confiance, jusqu’où ?


Une des caractéristiques de l’entreprise de demain est la CONFIANCE.

Confiance entre les différents acteurs de son écosystème, confiance entre les collaborateurs, confiance dans la vision et confiance dans l’entreprise !

J’ai déjà, à l’occasion de précédents billets, insisté sur l’indispensable confiance entre les hommes, mais aujourd’hui, je souhaite m’arrêter sur un autre domaine : la confiance dans l’information.

La question est vaste et elle ne peut pas être considérée sans son corollaire qui tient à la valeur de l’information.

L’entreprise de demain a besoin de gouvernance pour établir la confiance.

La stratégie de gouvernance de l’information dont va se doter l’organisation est une des composantes nourricières du terreau dans lequel l’entreprise de demain va commencer à se développer avant de se déployer.

Concrètement et au-delà de la simple question – données versus contenu – il est temps que les organisations considèrent l’ information comme un capital dont la principale valeur réside non le fait d’en avoir la propriété mais bien plus dans l’usage qu’on en fait !

A partir de là, rien ou presque ne s’oppose à la mutualisation des informations, la transmission du savoir, ni à la collaboration autour des contenus.

La maturité est clef dans cette démarche et les points d’interrogation restent nombreux.

Quelles réponses pouvez-vous apporter rapidement aux questions clefs :

  • Quelles sont les conséquences financières directes d’une non conformité de mes données avec mes objectifs métiers ?
  • Quelles informations servent le plus la vision de l’entreprise ?
  • Quels sont nos indicateurs clefs en terme de valeur ?
  • Qui a la responsabilité des informations, des données ?
  • Comment les métiers valorisent-ils au quotidien la pertinence des données qu’ils utilisent ?

Savoir apporter des réponses à ces questions (et à d’autres) est essentiel pour mettre en oeuvre un cadre au service de la qualité et de la gouvernance des informations.

La mise en oeuvre du modèle de gouvernance des données est en rupture avec les usages très répandus (data quality) qui considèrent qu’il faut «régler» le problème en amont !

L’idée de considérer qu’une donnée ou une information est «bonne» une fois pour toute est aberrante, car elle «oublie» le contexte de l’utilisation et les règles établies par les utilisateurs.
Inutile et inefficace au regard de la réalité des métiers, cette pratique est un «alibi» facile et coûteux.

Le seul moyen pertinent d’établir la confiance est de donner aux utilisateurs les moyens de «juger» de la pertinence et de la conformité des informations au regard de leurs propres exigences.

Quand Gartner anticipe la «main mise» des services marketing sur la gestion de l’information aux dépens des services informatiques, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une évolution inéluctable dans laquelle les directions informatiques vont devoir prendre leur part de responsabilité notamment en terme de services (SLA) et de sécurité.

Mais au-delà de cette perspective, le cadre de la gouvernance des données est un projet qui s’inscrit, lui aussi, dans une démarche de collaboration.

En effet, il y a un ou plusieurs réseaux de compétences et de besoins qui se sont construits autour des ces informations.

Les participants de ces réseaux se différencient par leurs rôles : utilisateurs, responsables, stewards, etc. , ils travaillent en complémentarité et créent la confiance par une approche pertinente de valorisation des actifs informationnels au moyen d’indicateurs chiffrés.

Beaucoup ont cru voir dans la stratégie de gouvernance de l’information qu’un moyen de se protéger (le C-level) en cas de problèmes liés à un non respect des lois, des codes et que sais-je encore.

Cette approche est «stérile» car elle oublie la dimension «business» et le fait que les données, les informations, ne sont rien hors de cette dimension !

Pouvoir évaluer le manque à gagner dû à une non conformité de certaines données (délai, client, etc.) de facturation par rapport à ses règles et ses exigences est bien plus pertinent !

Et c’est par une approche pragmatique et porteuse de valeur ajoutée pour toute l’entreprise que la gouvernance des données et des informations va contribuer à renforcer la collaboration et surtout à établir la confiance.

A votre avis, quel est le niveau de maturité de votre organisation ?