Réseaux sociaux : l’ennui grandissant des plus jeunes !


Le temps passé sur les réseaux sociaux a atteint son pic en 2022, selon GWI pour le Financial Times

Une enquête mondiale menée auprès de 250 000 adultes dans plus de 50 pays montre que l’usage des réseaux sociaux recule pour la première fois depuis leur essor, surtout chez les plus jeunes.

Une inflexion historique

Après deux décennies de croissance ininterrompue, le monde semble avoir dépassé le sommet de sa dépendance aux réseaux sociaux. Selon une vaste étude conduite par le cabinet GWI (Global Web Index) pour le Financial Times, le temps moyen quotidien passé sur les plateformes sociales a culminé en 2022 avant d’amorcer un déclin continu. Basée sur les comportements en ligne de 250 000 adultes âgés de 16 ans et plus, répartis dans plus de 50 pays, cette enquête dresse un constat inédit : à la fin de 2024, les internautes passaient en moyenne 2 heures 20 par jour sur les réseaux sociaux, soit environ 10 % de moins qu’en 2022.

Figure 1 – Temps moyen quotidien passé sur les réseaux sociaux (2012–2024). Source : GWI / Financial Times, 2024.

Les jeunes décrochent les premiers

Ce sont les jeunes adultes et les adolescents – longtemps les moteurs de la croissance – qui désertent en premier. Chez les 16–24 ans, le temps passé sur les réseaux chute de près de 20 % depuis 2022. Les 25–34 ans suivent la même tendance, mais plus modérément. Les chercheurs de GWI avancent plusieurs explications : fatigue numérique post-pandémique, désillusion face au contenu algorithmique, et recherche d’espaces plus privés ou authentiques. Les jeunes ne quittent pas Internet, mais ils changent de lieux : messageries, forums restreints, communautés Discord, ou plateformes créatives.

Figure 2 – Variation du temps passé sur les réseaux sociaux par tranche d’âge (2022–2024). Source : GWI / Financial Times, 2024.

Figures 3 – Évolution régionale du temps passé sur les réseaux sociaux (2022–2024). Source : GWI / Financial Times, 2024.

L’effet dopamine s’essouffle

L’étude souligne le rôle paradoxal de la vidéo courte, moteur de la croissance depuis 2019. Les formats type Reels, Shorts ou TikTok ont saturé l’attention des utilisateurs. Mais leur efficacité commence à se retourner : la répétition de contenus ultra-brefs et la surenchère algorithmique entraînent une fatigue cognitive et un sentiment d’inutilité. GWI et le Financial Times évoquent une forme de sevrage de la dopamine : après des années d’hyperstimulation, une partie des internautes adopte une consommation plus sélective.

Le rôle de l’intelligence artificielle

L’arrivée massive de contenus générés ou optimisés par IA modifie profondément la dynamique sociale. Depuis 2023, les flux intègrent des posts créés ou amplifiés par des modèles d’intelligence artificielle. Si ces outils augmentent la productivité des créateurs, ils renforcent aussi la sensation d’uniformité et de perte d’authenticité. Les fils d’actualité ressemblent de plus en plus à des vitrines sans humains, selon le rapport du Financial Times.

Un virage stratégique pour les plateformes

Cette contraction du temps d’usage met les géants du secteur face à un défi structurel. Leur modèle économique, fondé sur la croissance continue du temps d’attention, atteint une limite. Pour Meta, TikTok, Snap ou X, l’enjeu n’est plus seulement de retenir les utilisateurs, mais de maintenir leur engagement qualitatif. Les annonceurs, de leur côté, révisent leurs indicateurs : moins de temps d’exposition, plus d’engagement significatif.

Un tournant sociétal

Ce ralentissement marque peut-être la fin d’une ère : celle de la croissance infinie de l’attention numérique. Les années 2010 avaient vu une expansion exponentielle du temps passé en ligne, culminant pendant la pandémie. L’après-crise révèle un rééquilibrage : les utilisateurs arbitrent désormais leur présence en ligne et recherchent davantage de sens.

Et après ?

Pour 2025 et au-delà, GWI anticipe une stabilisation autour de deux heures par jour. Les usages pourraient se recomposer : moins de flux infinis, plus de communautés fermées, de micro-réseaux et d’interfaces immersives. 2022 restera comme le sommet de l’âge d’or des réseaux sociaux, avant qu’un monde connecté ne commence, doucement, à lever les yeux de son écran.

Pour aller plus loin :

• Financial Times, John Burn-Murdoch, « Have we passed peak social media? », 2024.
GWI (Global Web Index), données d’enquête 2022–2024, panel 250 000 adultes, 50+ pays.

NB : Synthèse et interprétations par ChatGPT (GPT-5), novembre 2025.

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[Enquête]Community Management : état des lieux 2015 !


Comme chaque année The Community Roundtable a livré semaine dernière son analyse du « community management », de la diversité et la richesse des pratiques ainsi que de leur évolution et de l’état de l’engagement au travers des réseaux et plateformes collaboratives et sociales.

Signalons d’abord que ce travail est disponible gratuitement en téléchargement (sans avoir à remplir un  long, fastidieux et parfois indiscret formulaire), ce qui est très rare dans un secteur où beaucoup aimerait nous vendre des « études » peu pertinentes !

Ceci étant dit et en complément du résumé présenté ci-après, quels sont les enseignements intéressants – selon moi, de cette publication ?

L’objectif du travail présenté est d’aider à mieux définir les stratégies et les projets autour des communautés et selon le niveau de maturité des organisations.

En premier lieu, il convient de souligner que les observations ont été faites principalement avec des répondants qui estiment qu’ils ne se situent que dans les premières étapes du modèle de maturité proposé !

répondants_modéle-de-maturité-2015

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Si le marketing gère les communautés du type « externes », ce n’est pas le cas des autres (internes ou mixtes) dont l’animation est largement dépendante de l’objet et des buts, pour autant au niveau budget c’est le C level qui garde la main dans la plupart des cas.

Côté budget, ce sont les éléments techniques (solutions) qui accaparent la majeure partie des moyens alors que les contenus et l’animation finissent de consommer les allocations disponibles.

Quand il est question d’engagement, The Community Roundtable distingue cinq types d’acteurs :

  • Inactive
  • Lurkers (observateurs qui ne participent pas)
  • Contributors (lisent, commentent, ..)
  • Creators (lancent une discussion par exemple)
  • Collaborators (ceux qui créent de la valeur ensemble)

 

Le document présente une analyse détaillée et très argumentée des informations récoltées au travers de plusieurs prismes :

  • Stratégie
  • Leadership
  • Culture
  • Community management
  • Contenus et offre de « programmes »
  • Politiques et gouvernance
  • Outils
  • Chiffres et mesures

Au delà de cette mise en perspective, dont je salue la qualité de la forme et du fond, The Community Roundtable propose en conclusion trois recommandations :

  • Investissez dans un « community management » professionnel qui au delà d’un rôle est un atout qui dispose qualité et d’une technicité au service de la valorisation et de la réussite des communautés.
  • Structurez bien votre « advocacy program » afin que les membres de communautés se sentent « investis » dans un cadre clair et valorisant pour eux
  • N’hésitez pas à mettre en oeuvre des « outils » ou des programmes (sondage, question du jour, etc.) qui vont créer de l’émulation et de l’envie à participer.

Enfin, n’hésitez pas à regarder ce que les autres font et, pourquoi pas, à vous en inspirez !
Et côté engagement, les « meilleurs » sont un bon exemple, il me semble !

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A vous de prendre le temps de parcourir cette publication et d’en extraire les pépites qui vous seront utiles !

Community management : état des lieux 2014


Comme chaque année The Community Roundtable nous livre un état des lieux du community management  dont on peut d’ores et déjà souligner qu’il arrive, semble-t-il, à point !

En effet, après la mise en production et le déploiement lancé chez les « early adopters » de ce côté de l’Atlantique, il n’est pas rare de constater de sérieuses difficultés à amorcer des communautés vivantes et porteuses de valeur ajoutée, autres que les communautés de projets déjà largement expérimentées et dont les bénéfices, à défaut d’être partagés, sont souvent explicites ne seraient-ce que pour ceux qui y participent.

Il reste donc tout – ou presque – à faire et de ce point de vue les constats et les propositions de l’équipe de Rachel Happe ne manquent pas d’intérêt.

Pour ceux qui ne souhaitent pas parcourir la totalité de la présentation, j’ai sélectionné quelques statistiques  et commentaires qui me paraissent très pertinents.

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More community managers

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A vous de découvrir l’incroyable richesse de cette édition 2014 !

[Due Diligence]Retour sur mes intuitions pour 2013


Moment difficile ou pas, c’est selon sa perspicacité, son sens de l’observation, son degré d’humilité, etc. mais bon il faut y passer car que seraient des intuitions sans un « droit de regard » a posteriori !

Il y a un an, je partageais avec vous mes intuitions pour 2013 ! : communautés & community management, analyse, standardisation.

Qu’en est-il 12 mois après ?

Qu’il s’agisse des communautés et du community management et quand j’écrivais :

La communauté représente pour nous une structure « naturelle », facile à mettre en oeuvre mais également facile à gérer (contrôler) et souvent très conviviale même quant il s’agit de partager autour de sujets très sérieux.
La communauté est le lieu d’expression idéal de la richesse du lien social et l’un des supports le plus approprié pour les initiatives « transverses ».

je ne n’étais pas vraiment trompé.
Naturellement, la mise en ligne de contenus dans ces communautés doit s’accompagner d’une ligne éditoriale forte et comme le précisait Rachel Happe lors d’un Expert Talks en date du 5 décembre, le rôle du community manager est d’ouvrir les portes des opportunités et de veiller à ce que l’entreprise soit toujours « en ligne » avec ses objectifs et ses marchés.

Mes intuitions à l’époque :

Les entreprises vont très probablement chercher à promouvoir ce rôle dans une dimension opérationelle non réservée aux domaines du marketing et de la communication, mais au service de métiers, du réseautage, du partage pour une meilleure performance économique.

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Au sujet de l’analyse quantitative, il suffit de regarder le nombre de communications sur le sujet du Big Data et l’infographie ci-dessous.

Reste le qualitatif (!?) qui demeure un objectif mais pour lequel il y a encore beaucoup de travail !

Et l’interopérabilité, chantier qui – bien que prioritaire du point de vue de beaucoup d’utilisateurs – n’avance guère du côté des fournisseurs de solutions incapables de s’émanciper d’un modèle d’affaires conservateur et bien peu ouvert à la collaboration !

Tout compte, pas si mal ces intuitions, non ?

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Community manager, parce que je le vaux bien !


Le rapport de Community Roundtable a été publié courant juin et cette nouvelle édition met en évidence quelques données intéressantes. Le community manager est clef dans la plupart des stratégies « digitales » et son importance croit que ce soit au service des communautés  privées ou publiques. Ainsi et en guise de « mise en bouche » avant que vous ne preniez le temps de lire le rapport :

  • Pour être un bon community manager, pas besoin d’être un as de l’informatique ou un expert technique des médias sociaux, mais plutôt une personne douée d’empathie et de leadership,

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  • par contre, il faut savoir « rendre compte » (le reporting) aux métiers et aux différents initiateurs ou supporteurs des stratégies « social business »: un vrai rôle de « manager » !

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  • et être capable de susciter un réel engagement et de faire évoluer « la relation sociale » au bénéfice de l’entreprise :

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