Etendue, virtuelle et maintenant libérée, il n’y a pas de tabous quand on parle de l’entreprise de demain !!!
Tom Peters en 1988 a lancé le concept de « l’entreprise libérée » dans un ouvrage dont vous trouverez sous ce lien une critique particulièrement intéressante de Sylvie Voegele [L’entreprise libérée : libération, management (Tom Peters) . In: Réseaux, 1993, volume 11 n°61. pp. 145-146].
Plus récemment, c’est au tour de Brian M.Carney et Isaac Getz de nous livrer une « nouvelle version » à paraître en français chez Fayard en 2012 sous le titre de Liberté & Cie (l’ouvrage a été publié en octobre 2009 en anglais sous le titre Freedom Inc.).
Nul doute, l’entreprise doit, selon nos gourous du management et du marketing perso, se libérer !!
Mais de quoi ? de qui ? de quelles entraves ?
Franchement, je n’avais jamais vu l’entreprise comme un « objet » social en quête d’une quelconque libération !
Mon manque de discernement est probablement dû au fait que les entreprises ne savent pas, elles-mêmes, qu’elles doivent être libérées (depuis le temps que l’entreprise existe, ce comportement doit être une conséquence du syndrome de Stockholm !) ni pourquoi !
Essayons d’y voir un peu plus clair et de comprendre de quoi et/ou de qui il FAUT libérer les entreprises.
Tout d’abord, si les entreprises souffrent d’aliénation, il y a probablement autant de cas que d’entreprises et il est regrettable de ne pas pouvoir y réfléchir avec à l’appui quelques exemples concrets (si ce n’est toujours les mêmes, dont le désormais légendaire cas Zappos).
Nous asséner qu’il faut sortir des hiérarchies verticales, oublier les silos métiers, responsabiliser TOUS les collaborateurs, émuler les échanges transverses, favoriser l’intrapreneurship, et que sais-je encore, c’est bien, mais est-ce suffisant pour une action et un programme de libération de l’entreprise ?
A lire, relire, écouter ou regarder les nombreuses interventions de ces « visionnaires » du management, j’éprouve toujours quelques difficultés à « recoller » avec la réalité des entreprises que je côtoie !
Apparemment et selon ma compréhension, l’entreprise doit se « libérer » de ses manières de faire et d’être pour mettre en oeuvre un nouveau modèle, ah bon ! so what ???
La « libération de l’entreprise », c’est un peu la « tarte à la crème » du management : un sujet qui entre dans la catégorie « racoleur » ou thème de séminaires pour managers soucieux d’optimiser leurs crédits de formation continue !
D’accord, je force un peu le trait !
Et le simple fait d’en parler dans ce billet n’est-il pas le signe que derrière cette formulation se cache une vraie réflexion servie par des « projets » sur le terrain ?
La réalité de bon nombre d’entreprises !
Il y a consensus dans le constat que l’entreprise, dans son management, est entrée dans une nouvelle phase et que de nouvelles pratiques apparaissent dans certaines d’entre-elles.
Au delà de cette affirmation, les choses sont loin d’être simples :
- L’entreprise s’inscrit dans une logique de profitabilité qui en est sa principale caractéristique (sinon, c’est une association à but non lucratif!)
- Les expériences présentées sont probablement (trop) partiales et vont toutes dans le même sens, alors que sur le terrain il y a encore beaucoup de questions, de frustration, voire de remise en cause de ces « nouvelles pratiques »
La logique de profitabilité
Nul besoin de faire un dessin et je vous renvoie vers l’excellent billet de Bertrand Duperrin publié la semaine dernière : Quel business model personnel dans la nouvelle économie ? mais également au livre Race Against The Machine: How the Digital Revolution is Accelerating Innovation, Driving Productivity, and Irreversibly Transforming Employment and the Economy publié récemment par Erik Brynjolfsson, directeur – MIT Center for Digital Business – et Andrew McAfee.
La logique de rentabilité inhérente à toute activité économique conduit à chercher en permanence – c’est à dire à innover – les meilleures pratiques managériales et de gestion des relations humaines au service de la profitabilité.
Nul n’est besoin d’être ou de se qualifier d’expert pour imaginer que les cas sont nombreux, très différents selon l’histoire, l’organisation, les marchés, etc., des entreprises et que l’évolution sera affaire de temps, d’expériences réussies, mais surtout de leadership, d’accompagnement et d’envie !
Sur ce point, je retiendrai également la citation de Cecil Dijoux :
mentionnée dans l’article Faut-il déconstruire l’entreprise 2.0 ? mis en ligne la semaine dernière sur Carnet RH 2.0.
Collaboration, participation : état des lieux
Ni les voeux pieux, ni la méthode Coué, se seront suffisants pour que les initiatives de collaboration dans l’écosystème de l’entreprise réussissent et finissent par imposer un modèle plus ouvert et plus agile !
Il ‘est pas fréquent de lire sur le web, des « témoignages » qui vont à l’encontre du « discours officiel » et qui nous permettent de mieux comprendre les difficultés rencontrées au quotidien dans des entreprises ayant innové dans ce domaine.
Il n’y a pas que des expériences réussies et pour réunir les conditions nécessaires à l’entreprise, il est très utile de recenser les « blocages » potentiels, les zones à risque, etc., et au-delà des théories, il y a beaucoup de cas particuliers.
L’entreprise de demain, à lire certains, est une entreprise du quaternaire, très virtualisée.
mais qu’en est-il des entreprises industrielles, des entreprises de services, des entreprises commerciales, et de leurs employés, collaborateurs, qui ne disposent pas d’un laptop ou simplement d’un ordinateur pour leur travail ?
Comment valoriser la collaboration via d’autre supports que la plateforme logicielle et en tirer les bénéfices escomptés ?
Comment donner envie à toute l’entreprise d’aller de l’avant et pas uniquement aux cols blancs ?
Ce sont les réponses à ces questions concrètes qui feront la réussite des différentes approches de l’entreprise de demain, plus que les « incantations » des gourous et leurs promesses du « grand soir » !
A votre avis ?
En effet, la “libération de l’entreprise” me semble bien être un thème racoleur… D’abord, une entreprise n’est pas une personne, parler de libération à son propos n’a pas de sens. Ce n’est jamais une entreprise qui agit, qui décide, qui achète ou vend, ce sont toujours des hommes. Ensuite, il y a une chose dont l’entreprise ne pourra jamais se libérer, sauf à devenir un service public ou une institution plus ou moins parasite, c’est de servir le client. L’entreprise est façonnée davantage par sa clientèle et par sa concurrence que par les beaux discours managériaux ou les états d’âme de ses employés. Cela nous invite tous à devenir des « intrapreneurs » (http://www.wikiberal.org/wiki/Intrapreneur ).
Si mon dernier billet n’avait pas été un coup de gueule j’aurais aimé qu’il ressemble à celui-là!
Trouvons les réponses pour avancer et laissons les gourous vendre à qui aime le vent.
J’ai lu dernièrement dans un livre passionnant (dont j’ai oublié le titre),
« Personne ne collabore sans raison » !
Un bon leader sait insuffler des raisons, un bon manager trouver des mots pour donner envie de collaborer, un autocrate motivera par la peur, … mais la plus belle des énergies (celle de l’intrapreneur), (et bien souvent celle qui, sous la surface est une réalité), est celle du libre arbitre et du libre choix du niveau d’implication.
Donnons ce libre choix au moins sur une partie des activités, permettons à ceux qui en ont envie de sortir de leur fonction et de choisir le rôle qu’il ont envie de jouer et d’en assumer les succès comme les échecs. Cela permettra de dégager des niches de productivité et de diminuer les frustrations.
Pour moi la collaboration est un résultat et non un objectif. Il nécessite 3 composantes : une communication claire (un cadre de confiance) et l’envie de s’engager… et l’espérance que l’on retirera quelque chose de cet engagement.
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Bonjour,
Je suis tres étonnée de vos commentaires. J ai lu ce livre (liberté et cie de de getz) et je suis en train de le relire. Je pense sincerement qu ‘il trace une voie. Je rencontre dans mon metier une quinzaine de chef d’entreprise par semaine. Je les observe. Et un certain nombre d’entre eux ont une politique sociale et manageriale tout a fait identique à ce qu’on lit dans liberté et cie. Mais il ne le savent pas. Ce qu’ils savent c’est que leurs collaborateurs sont des êtres de valeurs et que respecter leur intelligence et créer un environnement où chacun se réalisera ne peut etre que profitable à leur entreprise. Ce qui me surprends souvent, c’est qu’ils ont tous au moins deux points communs, ils ont confiance en leurs collaborateurs et semblent travailler moins.
En réalité ils stressent moins, car ils savent que sans eux tout roule. Parce que leurs collaborateurs sont formés informés et savent et peuvent decider seuls dans l interet de l entreprise. La vision et la mission de l’entreprise sont partagées par tous.
Et quand on parle de liberation, c’est libérer toute l’intelligence qui s’etiole en chacun de nous, quand des dirigeants paternalistes nous expliquent en détails comment faire sans prendre la peine de nous expliquer pourquoi faire, sans imaginer que peut etre il y a d autres methodes plus simples, ou plus efficaces que leurs propres collaborateurs pourraient proposer ! Quand on est pas écouté,on finit par se taire, quand on est prit pour un idiot, on finit par coire qu’on l’est et l’entreprise en fait les frais. Mais l’inverse est tout aussi vrai, et heureusement ca existe!
En conclusion, je vous incite plus que fortement à lire et relire ce livre!