Qui pour prendre en charge, la stratégie et les programmes de gestion des actifs informationnels ?
La gouvernance de l’information est une affaire sérieuse, très sérieuse et probablement TROP sérieuse pour être laissée dans les SEULES mains des …….
1) informaticiens
Vous souvenez-vous du fameux tube des années 2000, ingénieur informaticien ?
– non, cliquez ici (ça a très mal vieilli !, vous êtes prévenu)
– oui (tant mieux, on peut continuer !)
Ce tube (sur la toile francophone) a révélé, par une dérision (de mauvais goût), la fin de la suprématie et de l’exclusivité des informaticiens sur les questions de traitement de l’information.
Les équipes informatiques sont en charge du bon fonctionnement des systèmes et des solutions décidées dans l’entreprise.
Leur rôle est essentiel et va au delà des préoccupations purement ou strictement techniques pour garantir le meilleur niveau de services.
Il s’agit pour les responsables informatiques, urbanistes, architectes et développeurs d’apporter en permanence la technologie la plus adaptée et la plus sure, l’organisation la plus agile, le ROI le plus avantageux, le TCO le plus acceptable, etc.
Et vous voudriez qu’en plus ils s’occupent de gouvernance de l’information !
Non, les équipes informatiques sont là pour soutenir l’entreprise dans sa mutation.
Elles testent, paramètrent, développent, intégrent, mettent en production, assurent le suivi, etc., les outils et les solutions qui servent de socle technique.
Les directions informatiques se soucient peu de la valeur de l’information, mais beaucoup plus de son coût (production, stockage,conservation, restitution, circulation, exploitation, sécurisation, etc.)
2) archivistes et records managers
Alors, vous me direz que la gouvernance de l’information, c’est une affaire à laisser entre les mains des archivistes et autres records managers.
Entre valeur patrimoniale, valeur « légale« , valeur « marchande« , qu’en est-il pour définir les actifs informationnels de l’organisation ?
Le « records management » ou l’archivage considère essentiellement la valeur patrimoniale et « légale » pour définir l’actif informationnel et supporter une politique de gouvernance de l’information, mais ce n’est pas à mon avis suffisant :
- Le records management est statique alors que la gouvernance de l’information est dynamique,
- le records management est réactif alors que la gouvernance de l’information se veut pro active,
- le records management est principalement centré sur la rétention alors que la gouvernance de l’information est au service de l’exploitation des informations en support à la croissance des affaires.
A l’instar des services informatiques qui sont plus soucieuses du coût que de la valeur de l’information, les archivistes s’intéressent plus à la valeur patrimoniale et/ou « légale » de l’information qu’à sa valorisation par les métiers.
3) directeurs juridiques, risk managers et avocats
S’il n’est pas pertinent de laisser la gouvernance de l’information dans les seules mains, ni des équipes informatiques, ni des archivistes, doit-elle revenir aux affaires juridiques ?
En effet, dans la gestion des actifs informationnels. il y a une dimension légale, respect des règles, recherche de conformité, dont seuls les départements juridiques sont aptes à superviser la mise en oeuvre.
Pourtant, ni les responsables juridiques, ni les risks managers ne peuvent prendre en charge à eux-seuls cette responsabilité.
Les responsables juridiques ne se soucient pas de la valeur de l’information, ils cherchent à protéger l’organisation contre les risques liées à l’existence de l’information !
Pour les responsables informatiques, le coût est souvent plus important que la valeur, pour les archivistes, la conservation est prépondérante alors que pour les juristes, c’est la réalité du risque inhérent à l’information et c’est pourquoi, ils ont tendance à tout conserver, « juste au cas où » !
4) exécutifs
Bien évidemment, ce rôle incombe à l’exécutif et aux dirigeants.
Pas si sur !
S’il est évident que les niveaux exécutifs des entreprises doivent s’intéresser à ces questions comme ils se passionnent quand il s’agit d’actifs financiers ou autres, il n’est pas certain qu’ils aient plus de pertinence que les autres pour instruire une réelle politique de gouvernance de l’information, par contre, eux seuls peuvent en décider.
Au niveau exécutif, l’information peut être analysée et comprise, selon les influences déterminantes, comme un coût, une obligation, un levier, etc. et il leur devient plus difficile de gérer, seuls, cette question.
L’émergence d’un nouveau rôle
Les réflexions autour de la valorisation et la gestion des actifs informationnels des organisations vont contribuer à l’émergence de nouveaux rôles à propos desquels certains analystes n’hésitent pas à parler de formation dans les toutes prochaines années (voir le programme d’IBM).
C’est un manager qui sait gérer une équipe pluridisciplinaire réunissant des juristes, des spécialistes métiers, des responsables marketing, des architectes/urbanistes et des utilisateurs informatiques.
Cette équipe a mission d’instruire le programme de gouvernance de l’information à des fins de décision par l’exécutif au niveau global ainsi que des différents métiers.
Son rôle consiste à :
- mener à bien la synthèse de tous les besoins,
- valider l’évaluation des actifs informationnels (au regard des différents besoins),
- instruire les processus décisionnaires
- contrôler la mise en application des outils et des nouveaux services qui en sont issus.
La gouvernance de l’information est une affaire trop sérieuse pour ne pas être laissée dans les mains d’un collège d’experts doués de bon sens et soucieux d’efficacité et de pragmatisme.
Je pense effectivement que la gouvernance de l’information est une affaire individuelle, et … collégiale, qui touche tout le monde et du coup est complexe à mettre en place.
Cela peut effectivement être porté par :
– des fonctions traditionnelles, tant bien que mal, sûrement de façon incomplète et en dépensant beaucoup d’énergie (je vois mal un RSSI imposer à une direction commerciale d’archiver leurs devis avec les bons de commande ainsi que les factures associées)
– un collège d’expert, qui seraient … sûrement un cocktail des fonctions existantes au sein de l’organisation. Cette équipe pourrait piloter un périmètre plus large, en terme de responsabilités, et de profondeur qualitative. C’est une bon étape pour commencer et mobiliser autour de ce sujet primordial. L’énergie politique déployée pour garder une dynamique de fonctionnement serai ttout de même assez conséquente. Après tout les juristes, sécurité, comptables, RH, informaticiens, … ont des cultures très différentes.
– un manager de la gouvernance, animant ce collège, par exemple, ou une équipe pluridisciplinaires parait être effectivement, plus cohérent et pragmatique. Elle nécessite aussi tout de même un bon niveau de maturité de l’organisation qui créerait ce poste. (Le poste de Record Manager a déjà beaucoup de mal à arriver en France)
Et pourquoi pas une entité indépendante de l’organisation, une sorte de holding, qui, bien sûr, pilotée par ce même manager et s’appuyant sur des experts, serait garante de la bonne gouvernance de l’information de ses … clients.
J’aime bien cette idée …
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