[transformation numérique] Patron, on a oublié les métiers !


Ce n’est pas le titre d’une nouvelle comédie, mais un simple constat!

Il est vrai que cela est difficile à imaginer pour beaucoup de praticiens tant les métiers sont au cœur de l’évolution des outils et des pratiques, mais il semble pourtant que ce soit encore monnaie courante dans certaines entreprises !

Aujourd’hui les applications destinées à favoriser le travail en équipe par, notamment, une pratique plus ouverte de la communication et du partage d’informations en interne et avec l’externe, font souvent l’objet d’une période de tests ou d’essais.

Or a l’instar de ce qui se faisait il y a encore quelques années, et malgré le rôle des business analystes, la charge du test reste trop souvent confiée aux équipes techniques !

Je m’étonne toujours que des tests d’outils de communication soient proposés en test à des équipes à propos desquelles tout le monde s’accorde ou presque à reconnaître que leur première qualité n’est pas la communication.

Si cette pratique se justifiait par le besoin d’une « garantie » de qualité des outils et de leur parfaite cohérence (système et exploitation) dans le paysage applicatif de l’entreprise, il n’en est plus rien pour la majeure partie des nouvelles applications hébergées dans le cloud, utilisées en tant que service et conformes aux principaux standards.

Aujourd’hui, les métiers sont les principaux acteurs de la mise en œuvre des outils collaboratifs. Ces outils sont organisés autour de fonctionnalités de communication.

POCEt il est probable que la meilleure approche pour juger de l’intérêt de ces solutions est de confier leur appréciation aux métiers.

Qu’il s’agisse de Yammer ou de Teams pour ne parler que des outils de Microsoft, l’adoption passe par l’appréciation de la proposition de valeur pour des cas d’usages connus des business analystes.

Afin de juger de la pertinence d’un outil, il est préférable que les porteurs de projets associent équipes techniques et utilisateurs côté métiers dans une approche d’appréciation.

La pratique vertueuse passe par l’engagement ou l’intégration des principaux intéressés et la mise en œuvre – avec eux – d’un « plan de test » dans lequel seront précisés, entre autres :

  • Les objectifs métiers,
  • Les fonctionnalités à évaluer,
  • Les éléments de gouvernance requis par l’organisation,
  • Les personnes en charge du test,
  • Les éléments de mesure,
  • La durée,
  • Le support à apporter aux utilisateurs concernés pendant la période.

La méthode est simple et pertinente au regard des attentes des uns et des autres.
Elle permet de mettre en œuvre des stratégies au service de l’adoption des « nouvelles manières de travailler » qui ne sont pas à l’initiative des services techniques et à propos desquelles leur apport est important mais limité.
La méthode est efficace, mais c’est à vous de voir !

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[Entreprise & Numérique]Mobilité : une approche encore très statique !


Trop ou pas assez mobile ?

En fait, la plupart des entreprises s’en moquent car elles n’ont pas encore intégré la mobilité comme un facteur de « mieux travailler ».

Aujourd’hui, pour beaucoup la mobilité se résume ou s’entend par accepter un poste à quelques dizaines ou centaines de kilomètres de son lieu de travail selon la demande de l’entreprise (cf. clause de mobilité).

Ce n’est pas l’objet de ce billet par lequel je souhaiterais, à l’instar des réflexions précédentes à propos de l’accompagnement au changement ou encore des pratiques de collaboration), mieux comprendre pourquoi ce qui bloque ou interdit des pratiques qui tiennent le plus souvent du bon sens.

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Bien que tous les collaborateurs ne sont pas égaux face aux opportunités qu’offre la mobilité du fait de leur rôle et des outils qui lui sont associés, il est surprenant que la pratique reste – pour les postes éligibles – presque confidentielle !

La plupart des outils proposés aujourd’hui par les éditeurs ou les services informatiques répondent aux critères de mobilité du point de vue du design et de l’expérience utilisateur.

L’offre « Cloud » accompagne avantageusement les efforts mis en oeuvre pour une réelle opportunité de travail en mobilité.
Mais, la réalité des comportements est bien différente des voeux pieux de certains.

Quand on parle mobilité au travail, on entend le plus souvent « télétravail » du côté des salariés tandis que côté de certains managers on comprendrais plutôt nomadisme au travail (le fait de ne pas avoir un bureau attitré).

En fait, quand les uns y voient un avantage en matière de :

  • gestion du temps,
  • optimisation des frais de transports,
  • gain en productivité
  • et plus globalement autonomie et réduction du stress.

D’autres y verraient plus un outil de pression supplémentaire du fait de :

  • la suppression du « bureau personnel »
  • l’exigence d’un plus grande disponibilité
  • les sollicitations « incontrôlées »

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La mobilité pour les collaborateurs sédentaires est avant tout une histoire de confiance.

Entre les managers adeptes du « présentéisme » au détriment parfois de la productivité et les collaborateurs adeptes du « se la couler douce », il y a de la place pour une mise en oeuvre accompagnée et responsable de la mobilité au bénéfice de l’entreprise et des collaborateurs.

Seuls, certains managers, adeptes du contrôle absolu et du non respect de la sphère privée et du droit à la déconnexion de leurs équipes n’ont pas encore compris qu’il y avait dans cette pratique, facilitée par les outils, une opportunité de dessiner l’entreprise de demain.

Le bon sens voudrait que l’alternative bureau – télétravail soit la règle et que les moments de travail en groupe (je ne parle pas de réunions inutiles) restent des moments privilégiés de rencontre et de pertinence au service de la qualité des projets et de la réalisation des tâches.

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Permettez-moi de vous proposer en complément, ce dossier ( réalisé par Deloitte et dont est extrait l’infographie ci-dessus.

Pour en reparler 🙂

[Entreprise & Numérique]Collaboration : l’obsolescence du « canal historique »


La collaboration reste encore trop souvent un voeu pieu, voire un alibi dans les organisations.

Au delà des buzzwords et des effets de communication interne, les annonces incessantes des éditeurs et le bruit (cacophonie ?) permanent autour des réseaux et média sociaux ont fini par en lasser beaucoup.
Dans la plupart des entreprises, les outils de collaboration les plus utilisés restent l’email et la réunion !

Nous connaissons bien les avantages et les défauts du courrier électronique et il est inutile d’en remettre une couche à propos de réunions dont tout le monde se plaint, mais que la plupart continue à programmer à longueur de semaine.

La collaboration est une attitude orientée résultat alors que la réunion est un outil qui sert très souvent les stratégies personnelles de présentéisme.

Le courrier électronique souffre de n’avoir jamais été présenté comme un outil au service de la productivité des collaborateurs.

De nouveaux outils font leur entrée dans le monde de l’entreprise pour servir de

Dessin de Xavier Gorce – Extrait de « Trop vite » de Jean-Louis Servan-Schreiber

meilleures pratiques.

Mais sans accompagnement, les espoirs mis dans les applications que ce sont Slack ou Microsoft Teams risquent d’être fortement déçus !

L’efficacité de ces canaux de communication tient à leur capacité à adresser à une audience des messages contextualisés, mais également à partager avec elle des contenus issus de différentes applications.

La pertinence est l’objectif de cette convergence informationnelle et les outils disponibles (planification, organisation, etc.) devraient permettre à tout à chacun de faire mieux ou plus intelligemment avec moins d’efforts et de temps.

La réalité constatée ici et là force à relativiser cet optimisme.

En effet, la résistance au changement est forte et parfois elle s’accentue dans les contextes de forte pression interne à adopter de nouveaux outils.
Une des erreurs est de focaliser sur les outils et leurs fonctionnalités sans prendre le temps de valoriser les pratiques et les améliorations potentielles.

De plus en plus, comme dans la multiplication des Drive d’entreprises et faute d’accompagnement la résistance s’organise autour d’un bon vieil outil que l’on a fini par adopter : le courrier électronique.

La vitesse à laquelle certains dirigeants ou responsables d’équipes, souvent férus de techniques et/ou de modernité, se précipitent sur ces nouvelles opportunités de mieux travailler ensemble est inquiétante car très souvent ressentie comme une pratique à la limite du harcèlement.

Il est vrai que recevoir des dizaines de notifications par semaine pousse parfois certains à perdre le peu de flegme que l’on n’a peut-être jamais eu !

Pousser des contenus, des tâches, des rappels, des notifications, des demandes, des « je ne sais quoi encore » est (très – trop?) facile, mais potentiellement dangereux si on ne prend pas le temps d’expliquer les objectifs de cette pratique.

La plupart des collaborateurs, quelles que soient leurs occupations dans l’organisation, poussent des tâches, des demandes d’action vers leurs collègues, c’est si facile et pour un peu on aurait l’impression que le travail est déjà fait !

Par contre, beaucoup moins nombreux sont ceux qui prennent le temps de discuter avec leurs équipes de la manière dont ils pourraient utiliser ces outils et quelles sont les pratiques les plus pertinentes au regard de leurs objectifs communs, et c’est dommage !

L’entreprise de demain doit déjà composer avec le conservatisme des pratiques apprises il y a quelques années et les nouvelles pratiques des plus jeunes (instantanéité, dextérité, etc.).
Elle trouvera son équilibre dans la mise en oeuvre en harmonie de ces nouveaux canaux dont la richesse,  la pertinence et la facilité d’utilisation devraient satisfaire les uns et les autres, à condition d’en parler avec eux !

Une fois encore, tout (ou presque) est une question de formalisation de la proposition de valeur !

[Entreprise & Numérique]Du Share au Drive : la lente évolution des pratiques


L’arrivée du Cloud a largement modifié les accès aux outils et aujourd’hui la « dématérialisation » des systèmes d’information est une réalité partielle voire plus avancée pour beaucoup d’organisations.

Les offres d’Apple, de Google et surtout de Microsoft, ont mis en avant les fonctionnalités collaboratives tout en permettant de s’affranchir d’un certain nombre de contraintes « spatio temporelles ».

Office 365 est largement déployé dans beaucoup d’entreprises et nous sommes nombreux à utiliser cette plateforme de services et d’outils à titre privé.

La mise en oeuvre de cette offre est facile et les migrations de données et de documents sont « accessibles » et rapidement mises en oeuvre avec les outils adhoc.

Pourtant, les usages ne semblent pas aller aussi vite que certains le souhaitent, le suggèrent ou plus simplement l’espèrent.
Le passage d’une « informatique de gestion » à une offre de fonctionnalités au service de la contribution ne se fait pas « tout seul ».

Les entreprises ont avantage à réfléchir à une offre et des méthodes d’accompagnement des utilisateurs, faute de quoi, elles prennent le risque d’un défaut d’exploitation de la pertinence fonctionnelle des outils.
En effet, nombreux sont les collaborateurs

  • qui continuent à raisonner en termes de propriété de documents,
  • qui attachent une importance inutile au support de conservation et aux droits qui y sont attachés,

alors que l’efficacité est beaucoup plus dans le partage des contenus, la précision, la richesse des métadonnées (propriétés des documents Office) et leur disponibilité (accessibilité) en toute sécurité.

La mise à disposition des « share » a été un pas important dans la sécurisation et la protection des contenus, mais aussi dans une première approche de la collaboration au sein d’une équipe ou d’un groupe de collaborateurs.
Aujourd’hui, cette approche est désuète ainsi que certaines pratiques qu’elle a engendrées dont les « backups croisés Poste de travail <=>Share réseau ».
Beaucoup de collaborateurs sont stressés à la simple évocation de perte de données ou de documents ou d’absence de sécurité autour des contenus qu’ils produisent et avec lesquels ils travaillent.
Cette défiance vis à vis des systèmes est à l’origine de pratiques (usage abusif de support tiers : clefs USB, disque externe non sécurisés et parfois égarés) qui aujourd’hui apparaissent largement contre productives et antinomiques avec une informatique de contribution et de collaboration.
Tout le monde (ou presque) est maintenant averti de la persistance des informations et des contenus publiés sur le web et notamment les réseaux et médias sociaux, et pourtant cela n’empêche pas les mêmes d’avoir peur de perdre (par magie ?!) les contenus stockés dans les plates-formes « cloud » !

La pratique collaborative, largement facilitée par les offres Cloud, est porteuse de valeur ajoutée pour l’entreprise et les collaborateurs et il serait dommage de s’en priver !

C’est pourquoi, la démarche d’accompagnement des employés – lors d’une transition vers des plateformes et des outils du type Office 365 – ne peut se décliner comme une offre traditionnelle de formation !
Les responsables – techniques, ressources humaines et métiers – ont avantage à réfléchir en terme d’offre de service et de travailler  – avec les cibles concernées par ces déploiements – à une approche du type marketing.

La capacité de contournement est telle aujourd’hui (notamment du fait d’un usage inconsidéré de l’email) que la question du « What’s in it for me » constitue une réflexion pleine de sens.
Sans capacité à déceler – avec les utilisateurs – la proposition de valeur pour eux de ces changements, l’entreprise prend le risque de passer à côté d’un élément clef de sa propre adaptation au « monde numérique ».

La généralisation des « drive » (personnels, équipes, communautés) et des canaux de diffusion (Microsoft Teams, Slack par exemple) autorise une approche des contenus en termes de cycle de vie, ce qui les rend bien plus pertinents que la seule considération de la propriété.

La valeur du « cycle de vie » tient notamment à ce que chaque collaborateur concerné dispose au bon moment (c’est à dire celui ou il a besoin de contribuer ou d’accéder) du contenu dans un environnement fiable.

C’est ce type d’approche qu’il faut mettre en valeur au regard des tâches quotidiennes des employés et c’est seulement au prix de cet effort que l’évolution des pratiques pourra se faire au plus grand bénéfice des entreprises et de leurs salariés.

 “People are afraid of what they don’t understand.” 

Pourquoi ne pas travailler à les rassurer en leur expliquant ?