A propos des technos 2.0, de la gouvernance de l'information, des réseaux sociaux et de la valorisation des contenus au service de l'entreprise de demain
Ce billet aurait pu s’intituler de l’obsolescence de Platon au grand retour de Socrate selon la présentation délivrée par Harold Jarche à l’occasion du colloque du REFAD 2013 :
Harold Jarche passe ainsi en revue certains évènements marquants, notamment dans la transmission (l’apprentissage qui lui est si cher) et l’utilisation des connaissances.
Il nous explique et met en perspective les réseaux de valeur et l’entreprise sociale, collaborative et mobile née, entre autres, d’une évolution dans la formation.
Cette formation qui doit faire la part belle à la transmission de la connaissance mais également, et peut être surtout, au savoir repérer, trouver, le savoir dont on peut avoir besoin dans son quotidien, d’où l’importance des espaces de partage et de leur disponibilité quelques soient les outils utilisés.
Retrouvez également Jay Cross (informal learning) dans une interview à propos de le la mobilité au service de l’apprentissage
L’observatoire de l’intranet vient de publier son étude annuelle à propos de la stratégie numérique et des outils de communication et de collaboration en usage dans les organisations (entreprises et administrations) en France.
Ce travail d’analyse des réponses de près de 430 répondants (19 entreprises du CAC40) dont 86% sont français et 14% en provenance de pays francophones d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, aux 47 questions proposées autour de 4 thématiques, est particulièrement riche en enseignement.
Ainsi, sans entrer dans le détail des nombreux tableaux et synthèses proposés dans ce rapport que je vous conseille de télécharger, je vous propose de revenir sur quelques données qui me paraissent particulièrement intéressantes.
En matière de stratégie : vive la collaboration !
Bonne nouvelle, la collaboration est non seulement entrée dans les sujets dont on parle, mais également dans les projets mis en oeuvre !
Effectivement, sauf que derrière cette appellation qui recueille le plus de « suffrages » se cachent très certainement des expériences très différentes.
Si 61% des entreprises déclarent des espaces collaboratifs projets (+4%), et que les communautés de pratique gagnent 8% à 44%, tandis que les communautés d’intérêt 9%, il est important de noter que 27% des organisations font un usage régulier à étendu de ces espaces, (et les analystes précisent que la création des espaces collaboratifs à l’initiative des opérationnels est en augmentation, avec toujours une gouvernance bien présente).
L’édition 2013 est riche en ce qui concerne le COMMENT : SharePoint est la plateforme la plus utilisée !
Et au niveau de la communication interne (intranets) ?
Rien de très nouveau, mais un espace « efficace » de diffusion de l’information et de support à la dématérialisation des procédures administratives internes.
et du côté collaboration ……..
les fonctionnalités sont encore très peu « sociales » (mur, microblogging) et beaucoup plus du type applicatif dans une mise en oeuvre très « conventionnelle ».
Mais quand on s’attarde au WHY, le « pour quoi » s’affiche « timidement » selon les organisations :
L’apprentissage et le partage des bonnes pratiques pour les petites moyennes organisations
la « vie sociale » et une approche des ressources et des relations humaines pour les plus grandes entreprises
On est donc bien au niveau des analyses et de celle-ci en particulier dans une approche « fournisseur de solution » ou « metteur en scène de fonctionnalités« .
On avait eu il y a quelques mois, des retours d’expériences plus qualitatifs très orientés vers les objectifs métiers donnés à ces initiatives, ici, mais surtout sur Collaboratif-info et il est dommage que la communication à propos de outils prenne à nouveau le pas sur « le travail à faire » : Getting work done !
Raisons économiques à l’instar de ce qui se passe parfois au niveau des conférences ?
A quand un observatoire des initiatives d’un point de vue métier et non outil ?
Tout le monde en parle de ce côté de l’Europe et ce n’est pas l’étude publiée par PAC et dont certains éléments ont été publiés ici qui apporte un démenti à l’exception « culturelle et sociale » française.
Pour ceux d’entre-vous qui en doutent encore, je vous ai dressé une liste (non exhaustive) de quelques billets parus ces derniers mois, billets qui parlent de l’entreprise 3.0.
Pour ma part, je ne vois pas vraiment l’intérêt si ce n’est d’un point de vue pratique de s’accorder sur une appellation qui, pour certains, fait référence aux différentes « étapes » de l’évolution du web alors que pour d’autres elle doit refléter une évolution dans l’organisation, évolution guidée par une « nouvelle » approche, de nouveaux besoins et une réelle quête de SENS.
Cette discussion entreprise 2.0 – 3.0 est visiblement née en France, alors que « rendons à César » l’origine de l’appellation est américaine et l’utilisation de « buzzword » fait partie, à mon avis, des artifices utilisés à défaut de réaliser les projets et mettre en oeuvre les transformations nécessaires.
Une autre particularité française : la capacité à discuter sans fin du COMMENT sans avoir précisé le POURQUOI, pas plus que le POUR QUOI.
Les déclarations d’intention quant à la mobilité et à la mise à disposition des collaborateurs d’outils de plus en plus faciles et utiles sur mobile (tablettes et smartphones) ne manquent pas (cf. l’infographie ci-après).
Mais, les solutions déjà en production au niveau infrastructure ont déjà beaucoup évolué ces dernières années notamment au niveau des interfaces utilisateurs et le chantier de la mobilité vient « bousculer » le quotidien des projets des CIO et de leurs équipes.
Les éditeurs disposent, pour beaucoup, d’une offre mobile basée sur le cloud et, bien que je ne suis pas très enclin à assurer la « promo » de certaines solutions, vous savez tous le bien que je pense de Podio, mais également de la solution proposée par harmon.ie et c’est sur la version 4.0 de celle-ci que je souhaite revenir dans ce billet.
Annoncée à Boston, le 13 mai 2013, cette nouvelle évolution de la solution harmon.ie est particulièrement intéressante et bienvenue.
Pendant que Microsoft fait la promotion de son offre Office 365 et que, dans et hors les entreprises, l’utilisation d’appareils mobiles se déploie très rapidement, il est consternant de constater que l’offre d’applications « professionnelles » mobiles fait cruellement défaut.
Je ne veux pas être désagréable à propos de certaines Apps, mais travailler ou utiliser un document Office sur un Ipad est très (trop) souvent difficile, voire impossible !
Alors quand il s’agit de SharePoint et de la participation à des espaces collaboratifs, ou de l’intégration de « fils » Yammer, ou encore d’un travail rédactionnel partagé, c’est encore du rêve !!!!
J’avais déjà mis en avant la pertinence des outils proposés par harmon.ie, pertinence probablement due à une vision « utilisateur » de l’application et non « développeur » ou technicien.
Avec cette nouvelle version, c’est Office 365 (y compris SharePoint, SkyDrive Pro et vos emails), mais également Yammer qui « débarquent » en toute facilité et sécurité sur vos tablettes (IOS et Android), téléphones (y compris Blackberry).
On ne peut que se réjouir que les « product managers » de cet éditeur aient autant les pieds sur terre et les yeux rivés sur l’expérience utilisateur !
Il est probable que beaucoup d’éditeurs feraient bien de s’inspirer de cette approche qui consiste à mettre à disposition, en sécurité, les fonctionnalités nécessaires et utiles et non à tenter une « reproduction » 1 pour 1 d’une interface utilisateur PC, qu’elle soit riche ou plus légère.
La mobilité implique de nouvelles manières et probablement méthodes de travail et cela implique une réflexion pour une nouvelle offre adaptée aux nombreuses contraintes :
Jeudi 25 avril, je participais à la conférence Rezofirst sur le thèmes des réseaux sociaux d’entreprise en compagnie de Mathieu Jaton (CEO Montreux Jazz Festival) et de Raphaël Briner (CEO Hyperweek) devant plus de 200 participants à Lausanne.
Au delà de la qualité et de la pertinence de la présentation de Raphaël Briner, je souhaiterais ici revenir sur l’expérience du Montreux Jazz telle présentée par Mathieu Jaton,
En premier lieu et pour ceux qui ne connaissent pas le Montreux Jazz, c’est d’abord un festival qui se tient en juillet et donc la programmation de l’édition 2013 vient d’être rendue publique (quelle affiche!)
Ce sont également de lieux de convivialité hors de Montreux, les fameux Montreux Jazz Café de Zurich, Londres, Genève et bientôt Paris.
En quelques chiffres et au gré des structures juridiques, il y a les deux fondations du Festival de Jazz de Montreux qui emploient 30 collaborateurs toute l’année, 45 collaborateurs dès avril, puis 1480 staffs et 300 personnes dans la production pendant le Festival, mais également les sociétés Montreux Jazz International S.A. et UK qui emploient respectivement 2 personnes à l’année dans la structure mère, 14 à l’année dans la compagnie UK et indirectement 27 employés du franchisé en 2013 (130 dès septembre 2013).
Un réseau social d’entreprise pour une plus de cohérence opérationnelle
Au travers du Montreux Jazz, ce sont deux expériences singulières qui montrent l’importance de l’outil de communication au service de la stratégie.
Pour le Montreux Jazz Festival, le chemin est parfois compliqué :
L’événementiel est un monde très émotionnel
La circulation de l’information est plus difficile du simple fait de la périodicité de l’évènement
Le passage de 27 à 2000 personnes employées en 1 jour nécessite un processus clair
Les staffs sont les premiers ambassadeurs du Festival, mais ils ne côtoient pas à longeur de journée les « permanents » du Festival
Dès les premières heures du Festival, le staff prend une position clé vis-à-vis du public
Pour Mathieu Jaton : « Le réseau social est devenu une évidence comme outil d’échange, de partage, de communication, mais aussi comme véhicule des valeurs de marques et d’émotion. »
Du côté des Montreux Jazz Café, et quand bien même le « business est moins saisonnier », il faut composer avec quelques particularités :
Les employés des cafés ne sont pas du sérail, ils ne connaissent pas l’histoire, ni la musique, et pourtant ils sont aussi des « ambassadeurs » du festival
Ces mêmes employés sont hors de Montreux et ne sont même parfois jamais venu au Festival, pourtant ils doivent en porter les « valeurs et l’ambiance »
Le turnover est très important dans les aéroports et les gares où sont installés les cafés et le besoin de « formation » est permanent et important.
Là aussi Mathieu est clair : » La création d’un réseau social MJC est devenu l’outil indispensable de communication entre le franchiseur et le franchisé pour véhiculer les valeurs de marques, mais également les informations indispensables pour le client. »
L’expérience du Montreux Jazz se nourrit de passion bien évidemment et quand bien même cela rend plus facile un certain niveau de connivence, il n’en reste pas moins que cette expérience se joue dans un contexte d’objectifs économiques clairs, objectifs qu’une forte envie de partage et une auto modération (pour ne pas dire discipline) assises sur la transparence, l’empathie et la bienveillance permettent d’atteindre au quotidien.